Après deux ans de travail, une commission d’enquête des Nations unies a publié le 16 septembre 2025 un rapport concluant qu’Israël commet un génocide à Gaza et que de hauts responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont incité à le commettre. Le rapport exhorte instamment Israël à mettre fin à ce génocide et les autres pays à remplir leur obligation de le faire cesser. Et implicitement, tout gouvernement qui prête aide et assistance à l’Etat israélien, se rend complice d’actes de génocide.
Avec un cynisme inouï, Israël lançait le jour même une invasion terrestre de la ville de Gaza, causant la mort de dizaines de femmes et d’enfants et provoquant l’exode de 350 000 personnes (sur un million d’habitants).
Intitulé « Analyse juridique du comportement d’Israël à Gaza conformément à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », le rapport établit et conclut
Il s’agit bien de la définition juridique du génocide, qui signifie l’élimination délibérée de l’ensemble ou d’une partie d’un peuple, non pas pour ce qu’il fait mais pour ce qu’il est.
Un avis réfutant donc avec force la « défense » de Netanyahou, qui plaide le « droit à l’auto-défense » et fait valoir que, si Israël avait voulu commettre un génocide, il aurait anéanti toute la population en un seul jour – norme selon laquelle on pourrait dire qu’Hitler n’a jamais commis de génocide…
La responsabilité des messianiques autour de Trump
Un seul coup de téléphone de Washington annonçant l’arrêt des livraisons d’armes et les financements pourrait faire cesser l’holocauste palestinien en cours. Les États-Unis allouent chaque année 3,8 milliards de dollars d’aide militaire à Israël. Depuis octobre 2023, Washington a déjà dépensé plus de 22 milliards pour soutenir la guerre israélienne à Gaza et dans les pays voisins. L’administration Trump a approuvé cette année environ 12 milliards d’aide militaire supplémentaire, dont une vente récente de 500 millions de dollars de kits de guidage de bombes de précision.
Explication ? Pour les « sionistes chrétiens » américains autour de Trump et les fous messianiques autour de Netanyahou, pas d’états d’âme. Pour eux « l’islam » n’a jamais été une religion mais, dès le début, une simple structure de croyance permettant à des dictateurs de soumettre des populations et d’asseoir leur pouvoir. Ne pourrait-on pas en dire autant des autres religions ?
Pire encore, pour eux, notamment pour l’ambassadeur américain sur place Mike Huckabee, la notion de « peuple palestinien » est une pure invention. Dans la région, il n’y a que des Arabes, qui ont déjà beaucoup d’États où ils peuvent élire domicile, et des « terroristes », que le secrétaire d’État américain Mike Rubio, reprenant le 15 septembre les termes du cabinet israélien, n’a pas hésité à qualifierd’« animaux barbares ».
Comme le dit l’idéologue britannique Douglas Murray, coqueluche et alter ego de toute la droite identitaire (Zemmour, Bannon, etc.) : on n’est pas dans un choc de civilisations, mais dans un choc entre la civilisation judéo-chrétienne et la barbarie. Et Israël est l’avant-poste de cette guerre nécessaire...
« Nous allons tenir notre promesse : il n’y aura pas d’État palestinien, cet endroit nous appartient », a déclaré pour sa part Netanyahou le 11 septembre, lors de la cérémonie de signature d’un projet de colonisation qui couperait la Cisjordanie en deux et compromettrait la création d’un tel État.
Le 15 juin, dans un article du Monde intitulé : « Les messianiques de Trump en première ligne contre Gaza », Jean-Pierre Filiu, professeur à Science-Po, mettait en garde :
Israël doit cesser son génocide
Pour revenir au rapport de l’ONU, la présidente de la Commission, Navi Pillay, a déclaré :
Pour la représentante de l’ONU, Israël a poursuivi sa stratégie de destruction de Gaza en ignorant de manière flagrante les ordonnances de mesures conservatoires de la Cour internationale de justice et les avertissements des États membres, des bureaux de l’ONU, des organisations de défense des droits de l’homme et des groupes de la société civile.
La Commission exhorte le gouvernement d’Israël à « se conformer immédiatement à ses obligations juridiques internationales, y compris de mettre fin au génocide dans la bande de Gaza et d’appliquer pleinement les ordonnances de mesures conservatoires de la Cour internationale de justice ». Elle demande également aux États membres de « cesser de transférer à Israël des armes et autres équipements susceptibles d’être utilisés pour commettre des actes de génocide, veiller à ce que les personnes et les entreprises se trouvant sur leur territoire et dans leur juridiction ne soient pas impliquées dans la perpétration d’un génocide ou une incitation à le commettre le génocide, et prendre des mesures concernant l’obligation de rendre des comptes par le biais d’enquêtes et de poursuites judiciaires contre des personnes ou des entreprises directement ou indirectement impliquées dans le génocide ».
Savait ou aurait dû savoir
Il n’est désormais plus possible pour les gouvernements occidentaux de faire comme s’ils ne savaient pas. Interviewé le 13 septembre sur la chaîne AL24 News, Jacques Cheminade a déclaré :
Outre-Rhin, dans une interview accordée le 14 septembre au Berliner Zeitung, Christoph Heusgen, l’ancien président de la Conférence de Munich sur la sécurité, a critiqué le chancelier Friedrich Merz pour avoir rejeté l’éventualité de faire arrêter le Premier ministre israélien Netanyahou, s’il se rendait en Allemagne, conformément au mandat d’arrêt émis contre lui en novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI).
Heusgen souligne que la CPI fait partie de la séquence historique des procès de Nuremberg et qu’en tant que signataire du Statut de Rome, l’Allemagne ne peut se soustraire à son obligation légale d’exécuter ce mandat d’arrêt.
C’est le 22 septembre que s’ouvrira l’Assemblée générale annuelle des Nations unies, avec la présence des chefs d’État.
A New York, nos amis de l’Organisation LaRouche (TLO) s’activent sur le terrain pour faire en sorte que la résolution 377 « S’unir pour la paix » soit mise sur la table et engage à des actions décisives.
Les manifestations massives en Espagne, où plus de 100 000 personnes ont bloqué la dernière étape du Tour d’Espagne cycliste pour protester contre le génocide à Gaza, et qui ont reçu le soutien du Premier ministre Pedro Sánchez, ont montré que la mobilisation populaire peut jouer un rôle politique déterminant.


