Chronique stratégique du 8 juin 2023 (pour s’abonner c’est PAR ICI)
Symboliquement, les manifestants ont choisi le 2 juin, jour où l’Italie commémore le vote en faveur d’une république et contre la monarchie accusée d’avoir soutenu le régime fasciste de Benito Mussolini pendant la Seconde Guerre mondiale. Comme pour dire qu’il est devenu inacceptable que le pays livre ainsi en pâture son indépendance à la politique belligérante de l’Otan.
Les manifestations les plus importantes ont eu lieu à Cagliari, Milan et Rome. Sur l’île de Sardaigne, des milliers d’habitants ont défilé dans les rues de Cagliari, pour protester contre les exercices militaires à grande échelle de l’Otan qui se sont déroulés sur l’île entre avril et mai.
Il est remarquable que les médias, autant italiens qu’européens en général, aient totalement passé sous silence cet événement. « Malheureusement, en Italie, de nombreux radiodiffuseurs ont été réduits au silence pour ne pas avoir adhéré au discours dominant dans les pays occidentaux, fait remarquer Vincenzo Lorussi, un journaliste indépendant. Un nombre croissant de personnes comprennent cependant ce qui se passe, mais elles se sentent tellement impuissantes qu’elles ne peuvent que sombrer dans la résignation ».
Ce qui n’empêche pas l’opinion publique italienne, depuis le début du conflit en Ukraine, de s’opposer de façon croissante à l’envoi d’armes supplémentaires à Kiev, comme le montrent les sondages. « Selon nos données, 65% des Italiens sont contre la guerre, évidemment pour différentes raisons : certains s’inquiètent de l’économie, d’autres pensent que leur constitution a été malmenée, d’autres sont contre pour des raisons éthiques. Les médias grand public nous ignorent tout simplement », a déclaré Fabio Massimo Vernillo, membre du Parti communiste.
Un référendum populaire sur la guerre
Au cours des manifestations, des signatures ont été recueillies contre l’envoi d’armes en Ukraine, dans le but d’organiser un référendum populaire sur la question des livraisons d’armes. Les principaux organisateurs de cette initiative estiment qu’il est impossible de parvenir à la paix tant que l’Ukraine continuera de recevoir des armes des pays occidentaux.
Plus tôt cette semaine, le ministre italien de la Défense, Guido Crossetto, a présenté un nouveau décret en faveur de la fourniture d’armes à l’Ukraine à la commission parlementaire qui supervise les agences de renseignement du pays. Il s’agit de son septième programme d’aide militaire à Kiev depuis le début de la guerre et du deuxième du gouvernement du Premier ministre Georgia Meloni.
Selon l’un des initiateurs du référendum, Hugo Mattei, une marche pour la paix a eu lieu à Trieste. À la fin de l’événement, les militants ont exhorté les citoyens à voter contre « les exportations d’armes qui violent les droits de l’homme ». Pour soumettre cette question à un référendum, il est nécessaire de recueillir un demi-million de signatures.
Notre parti frère en Italie, Movisol, soutient l’initiative pour le référendum en rappelant que l’article 11 de la Constitution italienne stipule que « l’Italie répudie la guerre comme moyen d’attenter à la liberté des autres peuples et comme mode de résolution des controverses internationales ».
Dans sa déclaration appelant les Italiens à apporter leur signature en faveur du référendum, Movisol rappelle également les mots de John Fitzgerald Kennedy, quelques mois après la crise des missiles de Cuba : « Quel genre de paix voulons-nous ? Pas une Pax Americana imposée au monde par les armes de guerre américaines. Pas la paix du cimetière ou la sécurité de l’esclave. Je parle d’une paix authentique, qui rend la vie sur terre digne d’être vécue, qui permet aux hommes et aux nations de grandir, d’espérer et de construire une vie meilleure pour leurs enfants – pas seulement la paix pour les Américains, mais la paix pour tous les hommes et toutes les femmes – pas seulement la paix à notre époque, mais la paix pour tous les temps ».
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