France : Stellaria lance un réacteur nucléaire révolutionnaire de 4e génération

mardi 29 juillet 2025, par Karel Vereycken

Dans la « course mondiale » vers la mise au point de petits réacteurs nucléaires modulables (SMR), universellement considérés comme une piste prometteuse pour le nucléaire du futur, la France, un pays qui continue à disposer d’un certain savoir-faire dans le domaine de l’atome, semble vouloir marquer un début de rebond.

Le 17 juillet, Stellaria, start-up grenobloise issue du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et de Schneider Electric, a levé 23 millions d’euros pour construire un nouveau type de petit réacteur nucléaire modulaire (SMR) très prometteur. Le financement provenait de l’américain At One Ventures et du français Supernova Invest. Ils ont été rejoints par les bailleurs de fonds existants de Stellaria : CEA Investissement, Schneider Electric, Exergon et Technip Energies. Cette nouvelle injection de capitaux s’ajoute à une première subvention obtenue par Stellaria en tant que lauréate de l’appel à projets « Réacteurs innovants » du Plan France 2030.

D’une capacité de 540 MW (thermique) et de 250 MW (électrique), ce petit réacteur modulable (Small Modular Reactor – SMR), baptisé « Stellarium », sera un réacteur à sels fondus à neutrons rapides de quatrième génération.

Si ce réacteur paraît si innovant, c’est parce qu’il repose non pas sur une, mais sur deux technologies innovantes. Il s’agira non seulement d’un réacteur à sels fondus (RSF) – ce qui signifie que le combustible nucléaire utilisé sera exploité sous forme liquide – mais aussi d’un réacteur à neutrons rapides (NRF) – dans lequel les neutrons responsables de la fission nucléaire ne sont pas ralentis.

Ces technologies permettent, entre autres, de réduire la production de déchets nucléaires de haute activité et d’utiliser comme combustible des éléments que les centrales conventionnelles ne peuvent exploiter. L’utilisation de ce type de dispositif pourrait permettre de valoriser les déchets des réacteurs à eau pressurisée (REP) plus conventionnels et d’exploiter de nouveaux éléments, comme le thorium, beaucoup plus abondant dans la croûte terrestre que l’uranium.

Sur le thorium, lire l’article La filière thorium est-elle l’avenir du nucléaire ? sur le site de l’Association française pour l’information scientifique (AFIS).

La possibilité d’utiliser de nouveaux éléments ouvre la voie à la « surgénération », qui permet au réacteur de s’auto-alimenter. Stellaria espère que son réacteur pourra produire « autant de combustible qu’il en consomme » et fonctionner pendant 20 ans sans recharger son combustible.

En cas de succès, il deviendrait le premier réacteur nucléaire au monde à détruire plus de déchets à vie longue qu’il n’en produit, un exploit qu’aucun réacteur commercial n’a jamais réalisé. Il fournirait à la France des réserves d’uranium et de polonium suffisantes pour les 5 000 prochaines années.

La densité énergétique du réacteur sera 70 millions de fois supérieure à celle des batteries lithium-ion. Une paire de Stellarium de 110 MW pourrait alimenter jusqu’à 400 000 habitants en électricité, ce qui en ferait une alternative pratique au charbon et au gaz dans les industries énergivores.

Stellaria prévoit de réaliser la première réaction de fission d’ici 2029 et de débuter son déploiement commercial d’ici 2035.