Conférence internationale de Berlin, 12 et 13 juillet, 2025

Diane Sare : retrouver le vrai souffle de la Révolution américaine

samedi 18 octobre 2025

Diane Sare
Institut Schiller
Intervention de Diane Sare, activiste américaine, lors de la

conférence internationale organisée le 12 et 13 juillet 2025 à Berlin par :

  • l’Institut Schiller,
  • l’Académie géopolitique de Paris et
  • l’Ostdeutsches Kuratorium von Verbänden (Conseil d’administration des Associations d’Allemagne de l’Est) de Berlin.

Bonjour !

Nous vivons actuellement un moment assez incroyable, un moment de grand développement humain, mais aussi de grande angoisse lorsque nous contemplons les souffrances extrêmes de tant de nos congénères : soldats ukrainiens non préparés, kidnappés et déployés de force sur le front, populations affamées de Gaza (en particulier les enfants) qui meurent sous les yeux du monde, et la douleur des populations invisibles au Soudan, en Haïti et sous nos yeux, dans les prétendus pays civilisés, « pays jardins d’Eden », que sont les États-Unis et l’Europe occidentale.

La capacité de l’homme à être cruel envers ses semblables semble sans bornes, mais en réalité, elle a des limites. Non pas parce que les victimes ont le pouvoir de se défendre, mais parce qu’il existe un principe supérieur dans l’univers qui détermine en fin de compte le cours des choses.

Nous avons l’habitude de mesurer notre succès à l’aide de critères arbitraires, tels que le nombre de votes, le nombre de « likes » ou de vues sur les réseaux sociaux, le montant de notre salaire, etc. Mais comment l’univers mesure-t-il le « succès » ?

En réalité, nous savons très peu de choses sur notre propre planète. Comment se fait-il que nous soyons suspendus ici, à 150 millions de kilomètres d’une boule géante de plasma en fusion, tournant autour de notre propre axe et orbitant autour du Soleil de manière à nous offrir un climat parfait pour la vie ? Nous ne comprenons même pas pleinement la relation entre notre propre orbite, divers champs magnétiques et probablement d’autres facteurs encore inconnus, qui se sont combinés pour nous permettre d’être réunis ici aujourd’hui, sans craindre de voir notre planète aspirée par le Soleil et incinérée d’ici un milliard d’années ou plus !

Avez-vous déjà pensé que notre survie en tant qu’espèce pourrait dépendre de votre compréhension de ce phénomène ? Un marin qui sait que la Terre est sphérique et tourne sur son axe tout en orbitant autour du Soleil, aura probablement plus de chances d’atteindre sa destination qu’un marin qui croit que la Terre est plate.

Pourquoi est-ce important ? Quel est le rapport avec toutes ces souffrances dans le monde que nous nous sentons parfois impuissants à arrêter ? Parce que nous sommes confrontés à un ennemi qui croit pouvoir ignorer les principes de la création de l’univers, y compris la nature de l’homme.

Le club des vieux milliardaires ratatinés croit qu’il peut devenir l’hégémon mondial simplement en contrôlant le « discours ». Ils pensent pouvoir contrôler notre comportement en nous disant que l’économie se porte bien, même si nous n’avons pas les moyens d’acheter une maison, que notre système éducatif est excellent, même si nos enfants ne savent pas lire, que conduire une voiture à essence et manger du bœuf est la cause des inondations au Texas, et qu’Israël « ne fait que se défendre » contre des enfants sans armes à Gaza.

Ainsi, un génie a décidé de faire d’Israël le thème de la primaire démocrate pour l’élection du maire de New York, et dans l’intimité de l’isoloir, il est apparu clairement que dans la ville qui compte la plus grande population juive en dehors d’Israël, des centaines, voire des milliers d’électeurs ne souhaitent pas continuer à soutenir le massacre d’enfants à Gaza.

En fait, selon le New York Post, des milliers de juifs new-yorkais ont changé leur affiliation politique pour devenir « démocrates » dans le seul but de pouvoir voter aux primaires démocrates. Ont-ils tous voté pour Zohran Mamdani ? Je ne sais pas, mais d’après les résultats, il est clair que beaucoup d’entre eux l’ont fait.

(...)

Celui qui contrôle le discours ne gagne pas la guerre. La vérité a toujours le dernier mot, même si nous ne pouvons pas prédire le moment précis où cela se produira.

Alors, où cela nous mène-t-il ? Depuis un an et demi, je dis que les enfants de Gaza sauveront les États-Unis. Pourquoi ? Parce qu’une grève massive, ce n’est pas le moment où les gens protestent contre une injustice qui leur a été faite, le changement se produit lorsque les gens sont prêts à risquer leur propre sécurité pour le bien d’autrui, lorsqu’ils protestent contre l’injustice faite à quelqu’un qu’ils n’ont jamais rencontré, ou même à quelqu’un qui n’est pas encore né et dont l’avenir est menacé. C’est ce qui motive les jeunes qui protestent contre les politiques meurtrières de leurs gouvernements dans tout le monde occidental.

La force des enfants de Gaza réside dans leur faiblesse physique : ils sont incapables de se défendre, et cette prise de conscience donne de l’énergie à la conscience de tous ceux qui en ont encore une.

Le massacre doit cesser ! Mais ensuite ? Qu’en est-il de la Russie, de l’Ukraine, du Soudan, d’Haïti, de Jackson, dans le Mississippi ? Qu’en est-il de l’humanité qui ne doit plus jamais se faire cela à elle-même ?

Nous devons maintenant trouver une source plus profonde, fondée sur notre identité historique. Toutes les cultures qui ont perduré ont cela, la Chinoise, l’Indienne, la Perse, et je ne peux pas rendre justice à tant de contributions historiques en un seul discours, donc je n’essaie pas d’être exhaustive, mais comme je suis américaine et que la plupart d’entre vous êtes européens, je vais m’en tenir à cela.

Quel était le but de la Révolution américaine, ou plutôt de la guerre d’indépendance américaine ? Était-ce vraiment juste une bande de vieux riches blancs qui partaient en croisière ? Un peu comme les épouses de milliardaires qui montent dans une fusée privée pour faire le tour de la Terre, juste pour la publicité ? Le Mayflower a-t-il navigué vers le Nouveau Monde pour qu’un noble pervers, qui n’avait rien de mieux à faire, puisse violer, piller et asservir des gens ?

Non ! Il y avait une bagarre en Europe entre les familles oligarchiques vénitiennes, néerlandaises et britanniques et les poètes, musiciens, peintres, scientifiques (sans oublier les sculpteurs), voire même Socrate ! Le débat portait sur la nature de l’homme : sommes-nous des brutes stupides vouées à être gouvernées par une caste arbitraire de royaux génétiquement supérieurs et consanguins ? Ou y a-t-il quelque chose de précieux, avec un potentiel illimité, une qualité de génie innée chez chaque enfant humain ?

Comme Socrate l’a démontré à plusieurs reprises, il y a en chaque individu une qualité innée qui le rend capable de distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste, capable d’être éduqué, et donc de participer au développement continu de l’univers dans son ensemble, et capable de s’autogouverner.

Telles furent les contributions de Nicolas de Cues, Jeanne d’Arc, Johannes Kepler, Léonard de Vinci, Leibniz, mais aussi Bach, Beethoven, Schiller et tant d’autres. La percée de Benjamin Franklin et d’Alexander Hamilton, inspirée par Cues, Leibniz et Confucius, a consisté à créer une forme de gouvernement conçue à la fois pour promouvoir les conditions économiques et la liberté nécessaires pour permettre aux citoyens de développer leurs talents individuels, au sein d’une société capable d’assimiler leurs découvertes et leurs inventions afin d’améliorer leurs conditions de vie d’une génération à l’autre.

Ces principes universels ont été exprimés dans la Déclaration d’indépendance et la Constitution américaines. Leur mise en œuvre a-t-elle été parfaite ? Non. Même si chacun d’entre nous peut imaginer une sphère parfaite, lorsqu’il s’agit d’en créer une dans le domaine physique, toutes sortes d’obstacles surgissent, empêchant la sphère construite de correspondre à l’image que nous avons en tête. Cela ne signifie pas pour autant que nous devions abandonner un principe vrai.

Ainsi, en tant qu’américaine, je voudrais proposer, plutôt que d’imiter les hordes barbares des croisades, l’Inquisition espagnole, le fléau fasciste que nous avons vaincu il y a quatre-vingts ans ou la « Grande-Bretagne mondiale » moderne du roi Charles, de faire revivre l’esprit de la Renaissance italienne, de la période classique allemande, de l’École polytechnique française et de la tradition intellectuelle américaine (oui, cela existe), ravaler notre arrogance injustifiable et unir nos forces à celles de la majorité mondiale, dont le dévouement à l’avancement de l’espèce humaine est en parfaite harmonie avec nos propres idéaux.