Le 1er décembre 2024 (EIRNS) - Dans l’émission « Tsargrad - What’s Most Important » de Yuri Pronko, l’économiste russe Sergey Glazyev a analysé les causes de l’affaiblissement du rouble, qui a perdu tout de même près de 26 % en six mois.
Tout d’abord, il s’est dit d’accord avec le président Poutine sur le fait qu’il n’y a pas lieu de paniquer, « parce que des facteurs fondamentaux contribuent à renforcer le rouble, dont une balance commerciale positive, voire très positive. Nous exportons plus que nous n’importons, beaucoup plus. En outre, alors que nous connaissions auparavant une fuite de capitaux considérable, de l’ordre de 100 milliards de dollars par an, les sanctions empêchent aujourd’hui les sorties d’argent. Par conséquent, pour stabiliser le rouble, il suffit de bloquer l’influence des facteurs spéculatifs et [autres] facteurs. »
Selon Glazyev, les principaux spéculateurs sont les banques russes, qui
ont commencé à accumuler des devises étrangères, puis ont encaissé des superprofits lorsque le taux de change de ces devises a été artificiellement augmenté ; elles jouaient contre le rouble et facilitaient sa dévaluation. En son temps, a-t-il rappelé, [l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Russie] Viktor Gerachtchenko a appliqué une tactique très simple. En 1998, il a gelé la position en devises des banques commerciales. (...)
« Cela signifie qu’il leur était interdit d’acheter plus de devises étrangères qu’elles n’en avaient dans leur bilan en début de journée. En d’autres termes, elles pouvaient vendre et acheter au cours de la journée, mais en clôture, elles devaient respecter un plafond, correspondant à leur niveau de départ, pas plus.
En France, l’économiste franco-russe Jacques Sapir va dans le même sens. Alors que pour la plupart des commentateurs, la chute du rouble, en renchérissant le coût des importations, aggravera l’inflation et l’érosion des revenus des ménages russes, pour Sapir, au contraire, cette baisse va augmenter les revenus issus des exportations de matières premières, celles-ci étant toujours principalement libellées en dollars, et le budget fédéral s’en trouvera renforcé.
« L’important, souligne-t-il sur X, est que le pouvoir d’achat des ménages russes a augmenté de 17 % ces deux dernières années. Oui, il y a de l’inflation (8 %) mais elle est tout à fait normale. L’important est aussi que les revenus RÉELS augmentent (17 % en deux ans). » Jacques Sapir pointe du doigt également la spéculation bancaire : « Les marchés du dollar et de l’euro étant désormais très étroits à la bourse de Moscou, il est normal qu’ils soient affectés de fortes variations spéculatives. »
La proposition de Serguey Glazyev est tout à fait intéressante et éviterait l’effet d’étranglement sur l’ensemble de l’économie, qu’aurait le taux directeur de 21 %, adopté en octobre dernier par la Banque centrale de Russie pour lutter contre l’inflation, s’il était maintenu longtemps.


