La lutte pour la dignité
par Serge Binder, militant à Solidarité et Progrès
En Haute-Normandie, la liste des fermetures d’entreprises, suppressions de postes et licenciements secs n’arrête pas de s’allonger inexorablement : 1470 intérimaires renvoyés chez eux en 2008 à Renault Cléon ; les 280 salariés de Johnson Control à Grand-Quevilly apprennent en 10 minutes la fermeture de leur entreprise ; chez Autoliv à Gournay-en-Bray, 140 départs d’ici le mois prochain ; chez Timken à Maromme, 58 licenciements ; chez ICI Paints, racheté par son concurrent Akzo Nobel, les 135 salariés devront, d’ici mai 2010, déménager à 140 kilomètres ou dégager ; au Petit-Quevilly, menace sur l’emploi pour les 290 salariés du site d’Areva en passe d’être vendu ; fermeture du fournisseur de matériel électrique Rexel près de Rouen, 77 emplois en moins ; chez le fournisseur de matériel pour l’industrie et le bâtiment Descourt et Cabaud, 30 postes ont été supprimés en un an ; 55 suppressions de postes à Thorn Europhane aux Andelys, et 50 autres chez Ashlane Avebene à St-Pierre-la-Garenne ; 798 licenciements prévus sur 4 ans chez Glaxo Smith Kline à Evreux ; 250 chez Tyco à Val-de-Reuil, 30 autres emplois supprimés chez Milton Roy à Pont-Saint-Pierre dans la vallée de l’Andelle, 8 postes en moins chez Valeo à Gisors, 268 licenciements prévus sur le site Total de Gonfreville-l’Orcher, 80 employés licenciés du centre d’appel des 3 Suisses de St-Etienne-du-Rouvray ( où travaillait ma femme), fermé pour cause de restructuration ; fermeture d’une des deux chaudières de la papeterie M’REAL, dans l’Eure, où 80 millions d’euros sont nécessaires pour la remettre en état, donc avec menace de suppressions de postes…la liste est interminable.
Face à ces dramatiques coupes sombres, « la détresse est bien plus grande qu’avant », estime Me Jessy Levy, avocate au barreau de Rouen depuis 15 ans et spécialiste du conseil aux salariés licenciés confrontés à un PSE (Plan de « sauvegarde » de l’emploi !), car, déplore-t-elle, « les durées d’indemnisation chômage n’ont pas cessé de diminuer ces dernières années », et « si la crise perdure, que vont devenir ces gens-là ? », s’interroge-t-elle.
Après le choc déstabilisant de la perte d’emploi, de la désocialisation, de l’isolement, les chômeurs redressent la tête et s’organisent, car quand on se regroupe, on retrouve ses repères d’avant, on se sent compris, on retrouve sa dignité. C’est ce que j’ai pu voir lundi 23 novembre sur le parcours de la marche des chômeurs, entre la place Gabriel Péri et l’ancienne Mairie, à Grand-Quevilly, où chacun a pu se réchauffer avec un petit café après le discours chaleureux des organisateurs, tandis que je distribuais mes tracts « A la colère qui vient ». Cette marche des chômeurs va converger le 5 décembre à Paris en provenance de toutes les régions de France.
Mais il ne suffit pas de se faire entendre, il faut se faire entendre puissamment, comme un raz-de-marée, à la mesure de cette crise et de cette société qui nous jette à la figure sa conception de l’Homme, un rouage tout juste bon à faire de l’argent et qu’on jette avec arrogance dès qu’il ne sert plus.
Ce monde qui détruit les hommes est en perdition et va disparaître aussi sûrement qu’ont disparu les plus grands empires du passé, et nous devons déployer toute notre énergie pour nous protéger des dégâts qu’il cherchera à nous infliger en sombrant.
C’est ce que je m’efforce de faire à Rouen en faisant connaître partout autour de moi un mouvement héritier des plus grandes traditions de l’Humanisme révolutionnaire à travers les âges, dont le but est « d’élever à la dignité d’homme chaque individu de l’espèce humaine ». En reprenant ces traditions, ils ont mis au point des outils d’analyse économique originaux qui leur ont permis de prévoir cette crise longtemps avant qu’elle n’arrive, et ont élaboré des solutions puissantes et immédiatement applicables à l’échelle de la planète pour construire un monde où chacun trouvera la place qui lui convient et où l’argent deviendra, sous un puissant contrôle citoyen, un outil au service de l’homme et non plus son bourreau.
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