Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.
par Jacques Cheminade
Le triomphe de Darwin est clair au sein de notre caste politique : elle s’adapte à l’environnement. Les uns, comme Jean-Marie Colombani ou Claude Guéant, affirment que la crise n’était pas prévisible. Les autres prétendent qu’ils l’avaient eux-mêmes prévue ou qu’ils savent bien qui était parvenu à le faire : Jacques Sapir, René Passet, Neil Roubini, Lester Thurow, Jeremy Rifkin, Robert Reich, Joseph Stiglitz et pourquoi pas Sa Sainteté le pape ou Jean-Marie Le Pen ? Eh bien, justement : voilà Le Pen affirmant urbi et orbi avoir annoncé dès le 24 juin 2008 « l’imminence d’un effondrement mondial progressif du système bancaire, financier, économique, social qui remettrait en cause l’ordre monétaire établi ».
Il est heureux que le ridicule ne tue jamais, même si on le craint beaucoup. Car non seulement personne ne mentionne Lyndon LaRouche ou moi-même, dont tout le monde sait que nous avons un droit d’antériorité absolu dans l’affaire, mais surtout personne ne propose une porte de sortie digne de ce nom.
Les uns, à la suite des experts d’outre-Manche et d’outre-Atlantique, proposent de stimuler la demande et de recapitaliser le système financier suivant une approche commune, en renonçant au protectionnisme, en établissant un système d’assurance global et en octroyant beaucoup plus de ressources au Fonds monétaire international. Il semble bien que le G20, qui réunira à Londres les principaux pays du monde, se dirige dans cette voie, qui est celle du désastre. En effet, il s’agirait alors, tout en ne régulant rien sérieusement, de renflouer à tout va les établissements financiers qui portent la responsabilité de la crise, les Etats avalant leurs effets toxiques sous la houlette du FMI.
L’on crée ainsi les conditions d’une hyperinflation ruinant les Etats, les économies, le pouvoir d’achat des ménages et toute culture fondée sur le développement mutuel. Dans ce contexte, la nationalisation des banques et la « gouvernance mondiale » deviennent des armes pour prétendre sauver le système monétariste existant, avec des holding bancaires privés-publics semblables à ceux de l’Italie mussolinienne. Ceux qui crient « Europe, Europe, Europe » ou « FMI, FMI, FMI », sans comprendre que le gendarme est l’ami du voleur, creusent leur propre tombe.
Alors Zorro-Le Pen arrive, récitant un mantra dirigiste après avoir été l’apôtre incontesté du national-libéralisme. Il appelle à une sortie du FMI, à la réintroduction négociée des devises nationales et « à du crédit productif pour le travail humain et l’investissement à long terme ». Le pompeur inspiré ne comprend d’ailleurs pas que le crédit productif public serait le levier d’une politique de grands travaux, et propose un « emprunt Lagarde à hauteur de 150Mds » parfaitement inconcevable. Pourquoi nous attarder ainsi sur un homme sans doute utilisé pour déconsidérer ce qu’il profère, en lui donnant les couleurs d’un chauvinisme stérile puisqu’il prétend « réserver exclusivement aux Français » les prestations sociales ? Justement, parce que les autres ne font rien. Nicolas Sarkozy s’agite, Martine Aubry n’exerce pas son rôle de contre-pouvoir et François Bayrou croit encore aux marchands du temple européen.
Dans ces conditions, dans l’intérêt de la France, il reste à se mobiliser pour les idées que nous défendons ici, sans en rester à s’informer sur Internet.
COMMENTAIRES
FRED - le 2 mars 2009
Oui moi j’ai écouté le discourt de Jean Marie Lepen contrairement à vous visiblement oui il l’avez très très bien expliqué dans un dinée débat en PACA donc avant de vouloir faire du journalisme sur internet rencontrez les politiques qui ont quelques chose a dire bien sur ...
AMICALEMENT VOTRE...
enoch - le 2 mars 2009
C’est bizarre, cette façon très française de toujours ramener à eux - mêmes ce que d’autres ont pensés à leur place.
En dehors de Jacques Cheminade ou Nicolas Dupont Aignan, je ne vois pas beaucoup de vrai républicain, au sens Gaullien ou Hugolien du terme. LePS se moque bien du Peupel, Sarko n’en parlons pas, Bayrou avance d’un pas et recule de deux, et Le Pen est sur la fin, si jamais il a eu un début ; reste le facteur "menteur populiste et dangereux" sans idées créatrices seulement destructrices.
Mais c’est toujours ceux qui parlent pour ne rien dire qui on la plus belle place médiatique.
fuzz94 - le 2 mars 2009
" Dans ses conditions, dans l’intérêt de la France, il reste à se mobiliser pour les idées que nous défendons ici, sans en rester à s’informer sur Internet. "
Grâce à votre site et à d’autres sources d’information et de réflexion sur internet, entre autres le site clap36.net, on peut comprendre effectivement, ce qui se joue en ce moment...
S’informer et savoir, mais dans quel but, effectivement, pour faire QUOI ?
pour ma part, j’ai "rameuté" mes contacts vers votre pétition, j’ai fait un chèque à votre mouvement, j’ai assité à certaines de vos conférences, et je trouve que votre approche de la politique par la culture et la réflexion est très intéressante et surtout très saine. J’ai eu des discussions, également, avec amis et collègues, que je n’aurais pas eues sans vous connaître...
Mais tout ceci -important voire indispensable- est trop mou, trop lent à la mesure des enjeux et de l’urgence actuels...
Alors, se mobiliser, oui, mais comment ?
Car l’incompétence et l’autisme de notre classe dirigeante imposent finalement de se rassembler et de manifester en grand nombre, avec des messages et des symboles forts. Et trouver peut-être d’autres leviers pour peser, mais lesquels ? ...
Je l’ai déjà dit, je le répète : nous français métropolitains, ne nous loupons pas et "guadeloupons-nous" à la mesure des enjeux actuels !
ffi - le 3 mars 2009
Comment faire ?
L’évolution des opinions sur le net est flagrante et c’est un grand motif d’espoir.
J’ai entendu récemment Régis Debray sur France Inter. Cette fois-ci, loin de tenir un discours navrant tel "l’histoire a des cycles" (magiques ?), comme je l’ai entendu parfois, il a mis en avant une notion très intéressante : la fraternité, en soulignant particulièrement qu’elle se forge dans le combat commun.
Mr Cheminade m’a fait comprendre (enfin) l’économie, et m’a montré qu’il n’y avait nul besoin d’experts pour en saisir les enjeux. Je ne doute pas que chacun puisse le comprendre aussi aisément. Ce discours est revigorant, car il redonne à chacun sa dignité d’homme, celui de savoir avoir la faculté de comprendre.
J’ai cherché les champs ou poussait l’argent. Je ne les ai pas trouvés. J’ai cherché les mines de cartes de crédit, je ne les ai pas trouvées d’avantage. Ce n’est pas Dieu qui a donné l’argent aux hommes, il ne tombe pas du ciel. L’argent est créé par des hommes pour des hommes. A moins que mon banquier soit un dieu ? Peut-être le pense-t-il ? Moi non. Le crédit, l’avance monétaire a pour fonction dans la société de pouvoir mener des projets. Or celui-ci, monopole du privé, est utilisé pour pratiquer l’usure, la spéculation, les délocalisations, la corruption, pratiques infâmes dont nous voyons aujourd’hui le résultat économique.
ffi - le 3 mars 2009
Alors comment faire ?
Convaincre, fraterniser, combattre ce qui ressemble de plus en plus à un ennemi hypocrite, qui avance masqué et ce, depuis longtemps mais aussi parfois des personnes vides de réflexion qui se bornent exclusivement à répéter les vieux réflexes. Montrer les paradoxes, les incohérences, les mensonges et l’immoralité des vues du système. Faire comprendre que le lieu où nous en sommes (auquel personne ne voulait en venir), n’est rien à coté de là où on nous emmène. Engager chacun de nos frères de combats, quelque soit, leur rôle social à être soit des petits cailloux dans les chaussures des traitres, soit des agents pour faire retrouver la raison aux autres.
Igor - le 3 mars 2009
J’avoue ne pas saisir ce qu’il y a d’odieux pour un français de proposer des solutions pour le ... peuple français.
A moins de se faire élire au Congo, je crains qu’il n’ait pas mandat pour proposer des solutions concernant ce pays ou d’autres.
piaresfalam - le 23 mars 2009
Le titre de l’article ne correspond pas à son contenu.Nulle part il n’est question du drawinisme social, une théorie du début vingtième qui n’avait absolument rien de Darwinien et qui prônait la sélection sociale jusqu’à l’eugénisme.
Darwin ne sert que de vague préambule à cet article,ce qui est bien dommage au regard de la finesse de ses idées et au développements intellectuels qu’elles ont produits.Il faudrait éviter de citer ainsi Darwin de façon infantile et militer pour l’enseignement de l’histoire de la vie et de l’évolution.
un darwinien