Commentaire

Brest même, le soir des élections municipales du 16 mars 2008

mardi 25 mars 2008

Voici la réaction d’une de nos lectrices bretonne aux résultats des élections du 16 mars.

Voilà, un scrutin de plus, et encore un spectacle lamentable sur les plateaux de télévision où "gauche" et droite accaparent l’exclusivité de l’interprétation du verdict des urnes. Pas un mot sur le taux d’abstention pourtant annoncé comme record depuis 1969 : pourquoi ces gens ne se sont-ils pas déplacés pour choisir des représentants ? Ne peut-on pas lire là un désaveu tant de la droite que de la gauche et une résignation à la faillite de leurs projets ? Aucun commentaire sur la défiance ainsi affichée par les électeurs à l’égard de nos politiques. C’est tout le système de notre représentation pseudo-démocratique qui est sérieusement remis en question par ces abstentionnistes.

La "gauche" arrive en tête, mais ce n’est en aucun cas une victoire. La sanction est claire vis-à-vis de la droite et de sa politique mais les socialistes commettent une grave erreur en revendiquant cette sanction comme une victoire : ce n’est pas un vote d’adhésion loin de là et il leur faudrait faire preuve de plus de clairvoyance et de circonspection car rien n’a changé depuis mai dernier et la voix du PS n’acquiert pas de poids particulier avec ces élections.

Quant à la réaction absurde de la droite qui prétend voir dans cette déconfiture une injonction à la poursuite et à l’accélération des réformes engagées, c’est un grave déni du mécontentement pour l’instant sourd qui commence à gronder à la base. Jusqu’à quand parviendra-t-elle à mater l’électorat et à lui faire prendre des vessies pour des lanternes ? Cela dit, la droite est dans son rôle, elle manipule et cherche à asseoir son pouvoir, elle l’a toujours fait, cela n’a rien de surprenant.

Pour autant, la collaboration de la gauche au sabordage et au pilonnage intensif de la notion même de démocratie n’en est pas moins coupable. Pourquoi ne pas avoir voté contre le mini-traité européen et ainsi redonner à la voix du peuple l’écho qu’elle mérite ? La trahison de la volonté populaire n’est malheureusement pas l’apanage de la droite et tant que la "gauche" ne se positionnera pas là où elle doit se situer, elle ne représentera aucune alternative, la conscience de cette tragédie est maintenant partagée. Les gens sont en train d’assister éberlués à l’explosion violente de tous les cadres qui les protégeaient du capitalisme prédateur tel que le connaissent depuis des siècles les pays du tiers-monde. Avec cette mondialisation qu’on brandit comme une fatalité, il me semble qu’on assiste en réalité à une tiers-mondialisation galopante quand il aurait fallu exactement le contraire à savoir permettre aux peuples en voie de développement d’accéder durablement au développement. Nous n’en sommes encore qu’au stade de la crainte, de l’appréhension mais quand la réalité aura rattrapé les classes moyennes, que va-t-il se passer ? Nos dirigeants comptent-ils sur le miracle de la démographie et du départ massif à la retraite des baby-boomers pour que la baisse du chômage et un sursaut de l’économie fassent taire les revendications populaires ?

La comédie continue, la partie de poker à laquelle on veut nous associer en nous faisant croire que nous en sommes les arbitres n’a jamais eu autant recours au bluff qu’en ce moment, c’est très inquiétant, cela ne peut qu’exacerber un sentiment de réaction aux formes
imprévisibles ou alors est-ce cela que nos dirigeants espèrent en multipliant les provocations, une réaction violente qui puisse donner lieu à une répression systématique en vue de museler une fois de plus les empêcheurs de tourner en rond que sont devenus les électeurs.

Voilà ce que je n’ai pas entendu ce soir dans les média et ce qui me met en colère. J’ai contribué à la "victoire" de la gauche en votant pour Cuillandre, candidat à Brest d’une liste Union de la gauche (PS, élu avec 6o,68% des voix, un vrai plébiscite, sauf que seulement 50,3% des électeurs s’étaient déplacés) en me disant qu’il serait moins nocif pour nos écoles et pour nos crèches qu’un candidat de droite mais je ne me fais pas d’illusions sur sa gestion à venir.

A.L. L.G

Pour la réaction de J. Cheminade, cliquez ICI.