Editoriaux de Jacques Cheminade

Arrogance

samedi 14 février 2009, par Jacques Cheminade

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.


par Jacques Cheminade


Le pire, face à l’effondrement du système dans lequel nous vivons depuis plus de cinquante ans, est l’incapacité de se remettre en cause exhibée par ceux qui en ont bénéficié. Au déni de réalité – la croyance stupide suivant laquelle les marchés allaient « s’autoréguler » - a succédé la conviction que les responsables et les coupables sont les mieux placés pour nous dire ce qu’il faut faire.

Le signal envoyé par les « élites » est clair : plutôt mourir que changer. Ainsi, lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré « quand on voit la situation de la City et aux Etats-Unis, on n’a pas envie de leur ressembler », pour ensuite critiquer Gordon Brown, tout ce que l’Europe compte de bonnes âmes lui est tombé dessus. Les mesures prises pour sauver notre industrie automobile, défendues à Bruxelles par François Fillon, ont été qualifiées par la commissaire européenne à la Concurrence, Nelly Kroes, de « rhétorique protectionniste ». Cependant, Nicolas Sarkozy et François Fillon, même s’ils résistent, restent incapables d’articuler un projet cohérent de sortie, car ils sont eux aussi prisonniers des intérêts et de la règle du jeu qu’ils prétendent combattre.

Alors ils font d’abord preuve d’arrogance verbale puis, quand ils ne parviennent plus à se faire entendre ni de leurs peuples ni de leurs troupes, ils nomment des « médiateurs ». Xavier Darcos, Valérie Pécresse et Yves Jégo en ont été affublés, non parce qu’ils ont personnellement démérité, mais parce qu’ils sont pris dans les filets d’une impuissance qui passe par-dessus leurs têtes.

Les Français et les Françaises l’ont compris : c’est le Président de la République lui-même qu’ils visent. Réalisé les 6 et 7 février, le baromètre Ipsos-Le Point révèle que Nicolas Sarkozy a perdu neuf points de popularité dans la tourmente. Alors, faute de s’attaquer aux causes, qu’il connaît bien, il désigne des boucs émissaires. Le 22 janvier à l’Elysée, il s’en est ainsi pris aux enseignants-chercheurs avec des mots inutilement blessants, même de son point de vue : « A budget comparable, les chercheurs français publient de 30 % à 50 % de moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. Evidemment, si l’on ne veut pas voir cela, je vous remercie d’être venus, il y a de la lumière, c’est chauffé. »

Triste aveu de faiblesse, qui a déclenché une colère générale. En Guadeloupe et en Martinique, le cas de M. Jégo, envoyé, rappelé puis renvoyé, témoigne d’une même incapacité à faire face à une crise.

La vérité est que l’Unedic prévoit 282 000 chômeurs de plus en 2009 et qu’il y en aura bien davantage si rien n’est fait. La vérité est que la chute du produit intérieur brut gagne toute l’Union européenne. La vérité est que les classes moyennes sont à leur tour frappées. La vérité est que l’on sacrifie le long terme (recherche, hôpital, éducation…) à la rentabilité financière.

Alors ? Alors, faute de sursaut, la décomposition économique et sociale continuera. Des entreprises comme Eco-Emballages pourront continuer à jouer sur les casinos financiers l’argent appartenant aux collectivités locales, les directeurs d’agence bancaire à harceler leur personnel, la souffrance au travail s’accentuera et le chaos deviendra inéluctable. Cela nous concerne tous. Ne pas s’engager, dans ces moments, est pire qu’un crime, une faute d’omission.

COMMENTAIRES

malik - le 14 février 2009

bonjour Mr Cheminade , je suis franco-maghrebin ,je suis le sujet depuis le debut , j’ai des amis de toutes origines , tous le monde s’en fout que faire pour mobiliser , j’ai fait de la pub pour votre site , mais concretement que faire pour faire changer les choses , quel moyen possedons nous pour faire changer les choses ,parceque avec tout ce que j’ai vecu dans ma petite vie j’ai rien a gagner de tout ca , je me bas et defends nos idees , mais y personne qui m’aide moi dans ma vie de tous les jours , personne ne m’a jamais offert d’emploi ,plus ca viens et plus je me demande si dans le combat actuel j’ai quelquechose a en tirer , si je defens et en retour je me retrouve a la case depart .

Ouallonsnous ? - le 16 février 2009

Mr Cheminade, pourquoi les partis politiques qui ne sont pas formés que d’une direction, mais surtout et principalement de militants, ne s’expriment que sur ce qui va mal ou est devenu caduc, exemple la mutinationale UE ?

Sont ils devenus incapables de concevoir l’avenir ?

chibani84 - le 17 février 2009

L’engagement n’est plus à sauver un système économique pour le sauver. Le malade est en phase terminale, glasco 4. L’urgence est à redéfinir non pas un système qui souffrirait suivant le Grand Khan du FMI de simples manques de coordination,un autre système. Nous sommes dans un enjeu de civilisation. Le bonheur par et pour le plus grand nombre avec son corollaire de satisfaction autour du logement, de la santé, du logement et de l’éducation. Le reste du débat porte sur les conditions d’un Progrès qui sera dans un premier temps conditionné et limité par les problèmes de ressources naturelles limitées auxquels nous avons à faire face en tant que simple terrien. L’issue à l’effondrement de civilisation auquel nous assistons, sera forcément du même ordre : une alternative qui refonde la civilisation.