Le texte qui suit résulte d’une conférence, présentée —en tant que représentant de l’Institut Schiller— sur le thème de « La perspective dans la peinture religieuse flamande du XVe siècle », lors du colloque international « La recherche du divin à travers l’espace géométrique », du 26-28 avril 2006, sous la direction de Luc Bergmans, du Département d’études néerlandaises de l’université de Paris IV-Sorbonne.
Introduction
« La perspective dans la peinture religieuse flamande du XVe siècle ». De prime abord, ce titre peut surprendre. Car, si on attribue universellement au génie des peintres flamands du quinzième siècle la maîtrise de l’huile siccative, leur géométrie spatiale est d’habitude présentée comme le contre-exemple même de la « bonne perspective ». Déconsidérés par Michel-Ange et son fidèle Vasari, les « primitifs » flamands ne seraient jamais sortis d’un modèle médiéval, archaïque et empirique.
Car l’a priori « classiciste », de vigueur jusqu’aujourd’hui, stipule que seule la perspective « renaissante », et donc obéissant au canon de la perspective « linéaire », est « juste ».
Selon la tradition, les recherches faites autour de 1415-20 par l’architecte du dôme Filippo Brunelleschi (1377-1446), superficiellement mentionnées par Antonio Tuccio di Manetti quelques 60 années plus tard, auraient permises à Leon Battista…