Nucléaire civil, spatial, TGV, les progrès constants de la Chine font grincer des dents dans les capitales occidentales. Certains défendent la suprématie de l’Occident coûte que coûte ; d’autres, plus raisonnables, expriment leur amertume.
Plus honnête, un ancien responsable d’une grande industrie française confiait : « Ce qui m’inquiète, ce n’est pas ce que fait la Chine, c’est ce que nous ne faisons pas ! »
Pour la Chine, l’exploration spatiale n’est pas une passion nouvelle. Ce serait oublier qu’après la Russie en 1961, suivie par les États-Unis en 1962, la Chine fut en 2003 le troisième pays du monde à envoyer un homme dans l’espace avec une fusée de sa propre fabrication.
Au-delà du prestige que cela lui confère, Beijing a bien compris qu’investir dans les technologies d’avenir est une formidable locomotive pour sa croissance et la qualification d’une main d’œuvre optimiste et bien rémunérée, sans cesse incitée à progresser et à atteindre l’excellence dans tous les domaines de pointe.
Objectif Lune
Dans le domaine spatial, la Chine continue à accélérer ses programmes. Aussi bien pour la Lune que pour Mars, l’envoi d’hommes se prépare avec des missions robotiques envoyées en éclaireurs.
Déjà, en 2013, la Chine avait débarqué sur la surface lunaire un véhicule téléguidé baptisé « Lapin de jade », avant de réussir l’année suivante son premier retour d’une sonde spatiale envoyée autour de la Lune.
Le 15 janvier 2016, Liu Jizhong, le chef de la mission d’exploration lunaire, a fièrement annoncé qu’en 2018, « l’alunisseur et la sonde Chang’e-4 effectueront un alunissage en douceur sur la face cachée de la lune », une première mondiale. Le site est idéal pour observer l’univers et pourrait se révéler un précieux réservoir de ressources utiles à l’homme, notamment l’hélium3, un isotope quasiment absent sur Terre et qui, un jour, sera un des combustibles des réacteurs à fusion thermonucléaire.
Fin avril, le vice-commandant du programme pour les missions habitées, le général Zhang Yulin, a précisé que la Chine a l’intention d’envoyer, d’ici quinze à vingt ans, un homme sur la Lune.
Panique
Tout cela a de quoi semer la panique à Londres et Washington. Newsweek titre cette semaine sur la menace d’un possible « Pearl Harbor de l’espace », et le 2 mars, dans un rapport au Congrès américain, les experts de l’Institut sur les conflits mondiaux et la coopération, de l’université de Californie, affirmaient que le développement rapide des technologies spatiales chinoises a le potentiel d’annihiler les capacités militaires des États-Unis en détruisant leurs satellites.
En Europe, on craint une nouvelle course vers l’espace entre superpuissances, qui remettrait en cause le « traité de l’espace » de 1962, engagement commun en faveur d’une coopération au service de tous.
Pour éviter que la Chine, exclue de la station spatiale internationale (ISS), n’engloutisse des milliards dans sa propre station spatiale, le patron de l’ESA milite pour que, une fois obsolète, la station spatiale internationale soit remplacée par un « village lunaire » (Moon Village) où Américains, Russes, Chinois et d’autres, pourraient coopérer plus étroitement.
Notons aussi que le patron de la NASA, Charles Bolden, a déclaré que l’agence considérait la Chine comme « un partenaire potentiel » et non comme une menace. Ouf, on respire…
D’autant qu’en 2011, le Congrès américain a voté une loi interdisant à la NASA d’accueillir des visiteurs chinois sur ses sites ou de collaborer avec des chercheurs liés à des entités chinoises publiques ou privées.
Pourtant, le 24 avril, à l’occasion de sa première Journée de l’espace, la Chine a réitéré sa volonté de coopérer avec tout le monde dans le domaine spatial. « La Chine n’exclut de coopérer avec personne, États-Unis inclus », a souligné Yang Liwei, le premier taïkonaute chinois.
C’est donc le moment de saisir la main tendue par la Chine pour repartir de l’avant !
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