Des synarchistes du Democratic Leadership Council, infiltrés dans le Parti démocrate, ont lancé le « Projet Truman pour la sécurité nationale » en vue de détruire la tradition de Franklin Delano Roosevelt et ressusciter celle d’Harry Truman. Cette initiative est dirigée en premier lieu contre l’influence de Lyndon LaRouche et son mouvement de jeunes. Selon Leslie Gelb, président émérite du CFR (Conseil des relations extérieures), ce Projet est destiné à devenir « l’un des groupes de jeunes gens les plus actifs et influents ». Il vise des jeunes adultes de moins de 30 ans, baptisés par les fondateurs du projet « la génération du 11 septembre ».
Ce concept avait été lancé par deux anciens d’Oxford, Rachel Kleinfeld et Matthew Spence, suite aux élections de 2004. A l’époque, Kleinfeld était en relation avec R. James Woolsey, l’ancien directeur de la CIA. Lors d’une conférence en juin 2005, le Projet a organisé une table ronde post-électorale sur le thème : « Ce que les démocrates ont mal fait, ce que les républicains ont bien fait et que les néoconservateurs ont fait encore mieux. »
Le Conseil consultatif du Projet Truman inclut les principaux ténors du DLC, ainsi que d’autres faucons démocrates, dont Will Marshall, président du Progressive Policy Institute, un thinktank du DLC, Madeleine Albright, Kurt Campbell, ancien vice-président du CSIS, l’ancien secrétaire à la Défense William Perry, qui a récemment appelé à des frappes préemptives contre les sites de lancement de missiles de la Corée du Nord, et Anne-Marie Slaughter, directeur du Projet sur la Sécurité nationale de Princeton, présidé par George Shultz. Parmi les membres du Projet Truman, on retrouve Ron Klain, ancien conseiller du vice-président Gore, Susan Rice, une protégée d’Albright et ancienne directrice du département Afrique du Conseil national de Sécurité de Clinton, William Dobson, directeur du magazine Foreign Policy et diplômé du Middlbury College, Mike McFaul, un spécialiste de la Russie, et Larry Diamond, ancien conseiller de Paul Bremer lorsque celui-ci était à la tête de l’Autorité provisoire de la Coalition en Irak. Le Projet a organisé un forum au Congrès début juin et il compte y tenir une conférence tous les mois, tout en intensifiant ses contacts avec les collaborateurs des élus.
Le modèle sur lequel les idéologues du Projet Truman s’appuient, de leur aveu même, est le travail de taupe effectué par les néoconservateurs dans les années 70, ce qui leur a permis de faire une première entrée au gouvernement dans les années 80. Ils partagent d’ailleurs, avec les néoconservateurs, le désir de maintenir l’hégémonie américaine et l’usage de la force. Selon un éditorial du Los Angeles Times du 28 mai, le Projet devrait mener à une guerre intestine au sein du Parti démocrate, à l’image de celle lancée par les néocons au sein du Parti républicain. « Les nouveaux faucons démocrates, comme les néoconservateurs dans les années 70, représentent une insurrection, un défi lancé à l’establishment. »