A la veille de la reprise des pourparlers russo-ukrainiens à Istanbul, un raid massif de drones a causé dimanche la destruction d’au moins neuf avions militaires russes, sur des bases situées dans différentes régions de Russie (bases aériennes d’Olenya à Mourmansk, de Diaghilev à Riazan, de Belaya à Irkoutsk et d’Ivanovo à Ivanovo).
Selon de nombreux analystes, cette opération, par son ampleur et son minutage, n’aurait pas pu avoir lieu sans la supervision de l’OTAN et l’implication de la Grande-Bretagne et des États-Unis, ou les deux. Cela signifie que ces forces ont choisi d’intensifier la guerre, alors même que des négociations avec la Russie sont en cours pour y mettre fin, nous rapprochant davantage d’une troisième guerre mondiale qui deviendrait mécaniquement une guerre nucléaire.
Dans le même temps, l’Allemagne cherche à obtenir l’autorisation américaine pour déployer des missiles Taurus de moyenne portée en Ukraine.
Signe d’un fort regain de tension, le 28 mai, à quelques heures d’intervalle, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a d’abord annoncé que l’Allemagne, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient levé toute limite à la portée des missiles tirés par l’Ukraine sur la Russie. Puis, revirement complet : son vice-chancelier annonçait que la politique en la matière n’avait pas changé, avant que Merz ne revienne à son tour sur ses propres déclarations, affirmant qu’il avait fait allusion à une politique antérieure, datant du temps de la présidence Biden !
Derrière les apparences et les déclarations, la réalité est que, comme l’affirment certains experts, ces missiles sont déjà sur place, ce qui signifierait, si tel était le cas, que l’Allemagne pourrait déjà se trouver sur la liste des cibles automatiques de Moscou.
Il ne faut pas oublier que la Russie a perdu 27 millions de personnes en combattant l’Allemagne nazie il y a 80 ans, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des attaques de représailles russes contre les sites de production du missile Taurus installés en Allemagne, potentiellement à l’aide de leur missile hypersonique Oreshnik, qu’aucune capacité militaire occidentale ne peut arrêter, semblent presque inévitables.
La présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, et l’expert en armement Ted Postol ont mis en garde contre cette éventualité dans un podcast du 28 mai.
Trump était-il au courant ?
L’attaque de dimanche, qui rappelle quelque peu celle du 11 septembre 2001 par son effet de surprise, sa coordination et sa complexité, soulève également la question de savoir si le président américain Donald Trump savait ou non ce qu’il se tramait. S’il l’ignorait, il pourrait s’agir d’un début de coup d’État contre lui, orchestré par ceux qui ont fomenté l’offensive. À l’inverse, si Trump était au courant, cela signifierait qu’il a renoncé à toute relation diplomatique avec Poutine et la Russie, auquel cas nous nous dirigeons assurément vers la troisième guerre mondiale. Quoi qu’il en soit, cette opération nous propulse désormais dans un contexte politique très différent et beaucoup plus dangereux.
Il y a près de 24 ans, les attentats terroristes du 11 septembre représentaient une attaque contre l’institution présidentielle, et pas seulement contre la présidence américaine en tant que telle. Rappelons-nous les explications lancinantes et insatisfaisantes sur les circonstances de cet événement, ainsi que son déroulement réel.
Revenons maintenant à la récente attaque de drones ukrainiens contre l’hélicoptère du président Poutine, aux attentats perpétrés l’an dernier contre Donald Trump, alors qu’il était candidat à la présidence, le 13 juillet 2024 à Butler, en Pennsylvanie, puis en septembre 2024 en Floride. Pour ce dernier attentat, l’assassin avait tenté d’acheter un lance-roquettes à une personne qu’il pensait être un trafiquant d’armes ukrainien. « J’ai besoin d’équipement pour empêcher Trump d’être élu », avait-il écrit.
Selon la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, il est clair, et le président Trump en convient, que le message « 86/47 », publié le 15 mai 2025 par l’ancien directeur du FBI, James Comey, ne peut être interprété que comme une menace de mort contre le président américain. « Nous soutenons pleinement l’enquête des services secrets sur la menace de Comey contre la vie du président Trump », a-t-elle déclaré.
Un élément putschiste dans l’administration Trump ?
On est donc en droit de se demander : cherche-t-on à assassiner à la fois le président Trump et le président Poutine ? Si oui, qui est à la manœuvre ? Et qui aurait la capacité de le faire ?
Existe-t-il au sein de l’administration Trump un élément putschiste agissant par l’intermédiaire du Sénat américain contre le processus de paix ?
C’est en effet ce que laisse penser la tournée des sénateurs Lindsey Graham et Richard Blumenthal en Ukraine, les 30 et 31 mai, et à Paris le 1er juin. Dans un déni de réalité manifeste, les deux sénateurs en sont venus à affirmer que « la propagande russe tente d’imposer au monde l’idée des succès russes sur le champ de bataille, alors que l’Ukraine continue de lutter avec force contre l’agresseur ».
Au-delà de cette folie (personne ne nie sérieusement que la Russie est en train de gagner la guerre sur le champ de bataille), leurs affirmations ont des conséquences potentiellement plus graves.
Comme le rapporte l’Associated Press :
« Au cœur de leur démarche se trouve un projet de loi bipartisan sur les sanctions, soutenu par la quasi-totalité du Sénat américain, mais dont l’issue reste incertaine à Washington. Ce projet imposerait des droits de douane de 500 % aux pays qui continuent d’acheter du pétrole, du gaz, de l’uranium et d’autres exportations russes, visant des pays comme la Chine et l’Inde, qui représentent environ 70 % des échanges énergétiques de la Russie et financent une grande partie de son effort de guerre. »
Les sénateurs Graham et Blumenthal agissent-ils de concert avec la Grande-Bretagne et l’OTAN pour contrecarrer l’initiative de l’administration Trump envers la Russie, par Ukraine interposée ?
Suite aux attaques de dimanche, Ray McGovern, ancien analyste de la CIA et cofondateur de Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS), a écrit sur X :
Lancées dans une fuite en avant, les forces financières et politiques européennes, sous la houlette des services de renseignement de la City de Londres, ont utilisé leurs atouts au sein de la structure de commandement de l’OTAN et du Département de la Défense américain, pour saboter la reprise de relations saines et équilibrées entre les États-Unis et la Russie, et ce, au risque d’entraîner le monde dans une escalade irréversible vers une guerre nucléaire.
Plus que jamais mobilisé pour éviter cette catastrophe, l’Institut Schiller vient de publier une déclaration intitulée « Conjurons le danger de IIIe Guerre mondiale ! », qui circule déjà aux Etats-Unis, notamment au siège des Nations unies à New-York, ainsi qu’en Europe.