Pourparlers sur l’Ukraine à Istanbul : les saboteurs de paix grincent des dents

mercredi 14 mai 2025


Ce jeudi 15 mai doit avoir lieu en Turquie la réunion visant à reprendre les pourparlers entre Moscou et Kiev en vue de résoudre la crise ukrainienne, trois ans après le sabotage des négociations par l’intervention britannique en avril 2022.

Compte tenu du rythme effréné des événements ces derniers temps, rien ne permet d’en prédire le bon déroulement. Néanmoins, il y a de bonnes raisons d’espérer, car les forces favorables à la paix s’affermissent de jour en jour dans le monde.

Dimanche matin, après trois jours de réunions et de cérémonies non-stop consacrées à la commémoration de la victoire contre le fascisme en Europe, le président russe Vladimir Poutine a tenu une conférence de presse où il a proposé la reprise des négociations avec l’Ukraine pour mettre fin à ce qui n’est autre qu’une guerre de l’OTAN contre la Russie, par l’intermédiaire de cette nation.

Poutine a proposé de redémarrer les discussions ce jeudi 15 mai à Istanbul, en Turquie.

Rappelons que c’est l’Ukraine qui, en avril 2022, avait brutalement mis fin aux pourparlers à Istanbul, en Turquie, cédant aux injonctions du Premier ministre britannique Boris Johnson qui, le 9 avril de cette année-là, s’était rendu à Kiev pour exiger que l’Ukraine se retire des négociations déjà convenues avec la Russie. Or, le décret adopté par le parlement ukrainien fin 2022 interdit toujours à son président de négocier avec la Russie tant que Poutine reste au pouvoir. L’Ukraine « n’a toujours pas le droit de négocier avec la partie russe », a déclaré le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, en mars.

Ceux qui ne sont pas redevables aux « médias dominants » et gardent donc encore la capacité de réfléchir, n’ont pas manqué de reconnaître dans l’intervention de Poutine une manœuvre de flanc de sa part, vis-à-vis des « cinq larbins » Starmer, Macron, Zelensky, Merz et Tusk, quelques heures seulement après l’ultimatum de « cessez-le-feu » qu’ils lui avaient lancé lundi matin.

« Nous proposons aux autorités de Kiev de reprendre les pourparlers qu’elles ont interrompus en avril 2022. Je fais référence à des pourparlers directs sans conditions préalables. Et nous commençons immédiatement, jeudi prochain, 15 mai, à Istanbul », a déclaré le président russe.

Pour résumer, Zelensky a dit : « J’exige un cessez-le-feu immédiat demain, lundi. » Ce à quoi Poutine a répondu : « Et si nous reprenions les pourparlers que vous avez arrêtés, depuis Istanbul, et pour ce jeudi, que diriez-vous de commencer cela ? »

L’analyste britannique Alexander Mercouris, dans son podcast The Duran, constate l’amateurisme des dirigeants atlantistes :

« Ce que nous avons également vu hier, c’est ce qui a tendance à se produire lorsqu’un groupe d’amateurs – ce que sont essentiellement les dirigeants des États européens et Volodymyr Zelensky – ce qui se passe lorsque des amateurs qui se sentent très sûrs d’eux-mêmes et s’imaginent être des gens extrêmement intelligents, rencontrent un professionnel accompli et très expérimenté. »

Comme le souligne Mercouris, à l’occasion des commémorations de la défaite du nazisme, Poutine a été incroyablement actif : depuis le 7 mai, il a accueilli à Moscou pas moins de 29 dirigeants mondiaux, ainsi que plusieurs autres invités étrangers importants. Il s’est engagé dans des discussions longues et détaillées avec le président chinois Xi Jinping, avec le président brésilien Lula, qui était venu avec une importante délégation. Il a également rencontré d’autres dirigeants, [le président serbe Aleksandar] Vucic et [le Premier ministre slovaque Robert] Fico, ainsi que les présidents de l’Égypte et de l’Éthiopie, etc.

Mercouris commente :

« Et pourtant, bien que la journée d’hier ait été consacrée à la rencontre de délégations étrangères, (…) malgré tout cela, à deux heures du matin, Poutine est arrivé frais et incisif dans cette conférence de presse, et a répondu à l’ultimatum que la Russie a reçu de l’Occident. (…) Il a offert une prestation accomplie, très claire dans tout ce qu’il voulait dire, et très pertinente, mettant les puissances occidentales dans une position dans laquelle elles ne s’attendaient pas à être plus tôt dans la journée. Il s’agit d’une prestation virtuose, démontrant une nouvelle fois l’extraordinaire endurance physique et l’énorme énergie intellectuelle de Poutine. »

Le président Trump, qui avait dans un premier temps soutenu l’ultimatum Macron/Starmer/Zelensky, a posté sur son compte Social Truth :

« Le président russe Poutine ne veut pas d’accord de cessez-le-feu avec l’Ukraine, mais plutôt une rencontre jeudi, en Turquie, pour négocier comment mettre éventuellement fin au bain de sang. L’Ukraine devrait l’accepter, IMMÉDIATEMENT. »

Faisant le point lundi sur la situation mondiale, Helga Zepp-LaRouche, la présidente de l’Institut Schiller, a souligné que ce n’est pas le moment de s’enfermer dans une gesterngie, ou « pensée d’hier », selon laquelle aucun changement fondamental ne peut se produire.

En effet, on assiste à une « vague historique vers un nouveau paradigme », et il faut s’en réjouir.