Sauver Gaza

Sauver notre part d’humanité

dimanche 11 mai 2025

Face à l’urgence de la situation qui sévit à Gaza, l’Institut Schiller France a rédigé cette déclaration afin d’alarmer sur la tragédie qui se noue et, surtout, d’amener la France à prendre ses responsabilités et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher - concrètement - la mort certaine de milliers de civils et la destruction systématique de tout ce qui assure la vie. Personne ne pourra dire « je ne savais pas ».

Déclaration de l’Institut Schiller

 [1]

Fin février, le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prenait fin. Le 2 mars, Israël mettait brutalement en place le blocage de l’aide humanitaire à Gaza.

En ce début de mai, deux mois après cette décision, la situation est telle que la Croix-Rouge vient d’alerter sur le danger d’effondrement total des opérations humanitaires. [2]

Concrètement, cela signifie que deux millions de personnes ayant enduré bombardements, déplacements, conditions sanitaires inexistantes et un enfer de tous les instants, sont condamnées à mourir de faim à plus ou moins brève échéance.

Certes, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou – poursuivi par la justice de son pays et par la Cour internationale de justice – porte une responsabilité écrasante, tant en ayant joué la carte du Hamas pour ses propres calculs [3], qu’en ayant délibérément fait échouer la perspective d’évolution positive qui se dessinait avec le cessez-le-feu temporaire négocié à Doha (Qatar).

Personne ne saurait néanmoins être dupe. Si Netanyahou a piétiné si longtemps et en toute impunité chacun des principes les plus fondamentaux de notre humanité commune, s’il a pu aller si loin dans la violation cynique de chaque disposition du Droit international, c’est qu’il a bénéficié de la part de ses protecteurs occidentaux d’une indulgence sans limites.

Que l’on ne s’y trompe pas, le sang versé par des milliers de victimes, les morts, les infirmes, l’effacement d’une culture – que ce soit par l’élimination des Gazaouis ou par la destruction de leur patrimoine – ne passera pas à la trappe de l’histoire, en dépit des tentatives pour la réécrire qui émergent déjà.

En ce qui concerne le blocus des convois humanitaires, rappelons que le Droit international humanitaire et notamment la Convention de Genève de 1949 « contraignent les Etats tiers à faire pression sur les belligérants afin qu’ils respectent leurs obligations ». [4]

A Gaza, l’arme de la faim a été délibérément choisie pour éliminer le plus grand nombre, briser la résistance de la population palestinienne et contraindre les survivants au départ.

Pire, Bezalel Smotrich [5], le ministre israélien des Finances, vient dedéclarer que « Gaza sera totalement détruite », confirmant la dimension génocidaire [6] de la politique israélienne.

Le Plan Oasis de l’Institut Schiller. Pour le télécharger en format pdf, cliquez sur l’image.

S’ils ne veulent pas être complices de cette entreprise systémique de déshumanisation et de mort qui se déroule sous nos yeux à Gaza, les pays occidentaux (colonisateurs historiques du Proche-Orient) doivent agir dans les plus brefs délais pour imposer la livraison de l’aide humanitaire et empêcher l’irréparable. Ils doivent également utiliser tous les moyens de pression sur le gouvernement israélien pour qu’il arrête sa fuite en avant suicidaire.

Cela revient à prendre conscience qu’il s’agit peut-être de l’ultime occasion qui leur sera donnée de se raccrocher aux valeurs placées par eux-mêmes au fronton de l’Humanité, faute de quoi ils se condamneront à rejoindre la triste cohorte des civilisations honnies et faillies.

Dans ce contexte, si Emmanuel Macron est cohérent avec son intention proclamée de reconnaître un Etat palestinien lors de la conférence de l’ONU prévue en juin à New York, ce sera le moment pour lui de faire œuvre historique en s’opposant à la folie meurtrière de Netanyahou et en montrant qu’il y a, contre toute affirmation du contraire, une communauté d’intérêts entre les différents acteurs de la région et tout particulièrement entre Israéliens et Palestiniens, laquelle se résume à l’élément premier de la vie : l’eau.

La paix ne sera possible qu’en se fondant sur le développement mutuel de ressources en eau et en énergie. L’accord d’Oslo, dans son annexe 3, prévoyait cet horizon. Il a été cependant bafoué parce qu’il laissait l’État israélien seul maître du jeu.

La France doit aujourd’hui donner l’exemple aux pays du G7 en reconnaissant immédiatement un Etat palestinien fondé sur des frontières viables. Son existence est consubstantielle à la mise en place du Plan Oasis proposé par l’Institut Schiller.

Les pays occidentaux, coupables d’avoir constamment pratiqué une géopolitique du diviser pour régner, doivent aujourd’hui se mobiliser pour que l’armée israélienne évacue Gaza et que s’ouvrent des négociations sur le droit au retour des Palestiniens, l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie et la libération de tous les otages et prisonniers de guerre.

Cette approche cohérente est indispensable. Elle seule peut répondre au défi d’un ordre de coopération et de sécurité mutuelle se substituant à la barbarie.


[1Disponible en français, anglais et arabe.