Vendredi 29 octobre 1965. A 12h30, devant la brasserie Lipp, au 151 du boulevard Saint-Germain à Paris, Mehdi Ben Barka est interpellé par deux hommes se présentant comme des policiers, qui le font monter dans une Peugeot 403 banalisée. Il ne sera jamais retrouvé. Un complot savamment orchestré, en vue de faire disparaître l’un des leaders politiques les plus influents du tiers-monde. Qui était-il pour subir une telle fin ? Pourquoi est-il aujourd’hui si important de raviver sa lumière face à ceux qui hier le firent assassiner et qui aujourd’hui entraînent le monde au désastre ?
Par Benjamin Bak, militant S&P.
Lorsque les manœuvres ne suffisent pas à entamer la combativité et la détermination des mouvements populaires de libération, le colonialisme agonisant a recours, derrière une légalité néocolonialiste ou à la faveur d’une intervention téléguidée de l’ONU, soit à la balkanisation des nouveaux Etats indépendants, soit à la division systématique des forces vives, politiques ou syndicales, et, en cas de désespoir, comme au Congo, il va jusqu’au complot, à la répression policière et armée, aux coups de force, à l’assassinat et à la liquidation physique. (Mehdi Ben Barka, Option révolutionnaire au Maroc.)
La lutte contre le colonialisme
Fils d’un petit commerçant de Rabat, Mehdi Ben Barka est professeur de mathématique et compte le futur roi Hassan II parmi ses élèves. Il participe, en 1943, à la création du parti de l’Istiqlal, premier parti politique du Maroc. Il jouera un rôle de premier plan dans la lutte contre le protectorat français : en 1955, lors des négociations exigeant le retour de Mohamed V au Maroc…