« A l’origine, la PAC fut un réel contrat de mariage entre l’Allemagne et la France qu’ont voulu Adenauer et De Gaulle... »
Après une période d’instabilité de quatre ans, le 1 juin 1958, le général Charles de Gaulle est élu président du Conseil. Le 28 septembre suivant, 79,2% des électeurs approuvent par référendum la Constitution de la Cinquième République proposée par de Gaulle, qui en sera élu président à la fin de l’année et prendra ses fonctions le 8 janvier 1959.
Pendant les six mois séparant son élection de son installation à l’Elysée, de Gaulle définit le cœur de sa politique. Hormis donner une nouvelle constitution au pays et mettre de l’ordre dans les finances, il envisage une nouvelle politique européenne avec le chancelier Konrad Adenauer, qu’il rencontre le 14 septembre. Il envoie également un mémorandum à son ami, le général Dwight Eisenhower, à l’époque président des Etats-Unis, exprimant l’entière indépendance de la France à l’égard de ce grand pays ami.
A peine un an plus tôt, le 25 mars 1957, six pays européens avaient signé le Traité de Rome (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-bas et le Luxembourg) établissant entre eux un marché commun, la Communauté économique européenne (CEE). Ce traité venait s’ajouter à celui instaurant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et celui sur la coopération nucléaire (Euratom). Les dirigeants de ces institutions seront progressivement intégrés dans un exécutif européen : la Commission européenne.
De prime abord, la CEE apparaît comme une structure hybride combinant libre échange et le marché organisé d’une union douanière à la Friedrich List, bien qu’il s’agisse cette fois de plusieurs pays et non plus d’un seul, avec toutes les ambiguïtés et complications que cela comporte.
L’article 3(e) du…