Stephen Kinzer du Watson Institute for International Studies de l’université Brown, affirme dans une tribune publiée par le Boston Globe que :
Alors que terrorisme n’atteindra jamais que 1 % de la population des États-Unis, le programme du président Obama visant à moderniser l’arsenal nucléaire augmente la perspective d’une vraie dévastation pour tous.
Citant l’ancien secrétaire à la Défense américain, William Perry, comme étant parmi les plus saines de ces voix, Kinzer continue :
Les voix qui cherchent à nous alerter sur la véritable menace sont noyées dans la frénésie des discours de campagne délirants et des harangues télévisées sur ces musulmans illuminés.
Particulièrement à cause de la menace que ressent la Russie et de la réaction en chaîne que cela déclenchera en Chine, puis en Inde, puis au Pakistan, Kinzer soutient que :
La modernisation proposée par Obama augmente notre vulnérabilité, et non notre sécurité.
Kinzer pointe aussi le risque qu’une guerre soit déclenchée par accident, danger qui s’accroît par le missile de croisière en cours de développement pour équiper les bombardiers d’attaque de longue portée, aussi que l’armée de l’air. Ce missile de croisière peut être équipé soit d’une ogive nucléaire, soit d’une ogive conventionnelle, mais un adversaire contre qui le missile est lancé, ne serait pas capable de faire la différence, et pourrait répliquer avec une frappe nucléaire. De plus, ce programme ruineux de modernisation nucléaire coûtera au moins 1000 milliards de dollars sur trente ans.
Pour Kinzer, c’est maintenant le moment d’arrêter ce programme, car :
Une fois lancé, de riches contrats pour les fournisseurs seront répartis dans les districts de membres influents du Congrès. Cela produira des électeurs eux-mêmes ‘intéressés’ et donnera alors au projet une dynamique impossible à arrêter (...) Garantir la sécurité du pays nécessite une pensée agile, et de ne pas dépendre d’une politique fondée sur un âge révolu.
Dans un article du 20 janvier dans le Huffington Post, William Perry rappelle que :
Nous sommes au bord d’une nouvelle course à l’armement nucléaire, et que nous régressons vers une mentalité de Guerre froide.
C’est le retour à cette mentalité qui a poussé Perry à écrire le livre My Journey at the Nuclear Brink (Mon voyage au bord du gouffre nucléaire) dans lequel il raconte son expérience, d’abord dans une équipe spéciale lors de la crise des missiles de Cuba, ensuite dans l’administration Clinton en tant que secrétaire à la Défense. À ce poste, il supervisa le démantèlement de 8000 armes nucléaires aux États-Unis et dans l’ex-Union soviétique. Mais il s’inquiète que sous Obama, prix Nobel de la paix pour avoir promis le démantèlement mondial des armes nucléaires, la tendance s’est non seulement inversée, mais nous ramène à minuit moins une, avant la destruction nucléaire.
Dans le même article, Perry constate amèrement que :
Le public [américain] est béatement inconscient des nouveaux dangers nucléaires qui le menacent. (...) Il est temps de prendre une respiration profonde et de nous demander ce que nous devrions réellement faire sur cet enjeu qui implique la survie même de notre civilisation. (...) Nous ne devrions pas accepter que la diplomatie est incapable de réduire les tensions présentes entre les États-Unis et la Russie, pas plus qu’avec l’Iran.
Le public européen ne semble pas plus éclairé que les concitoyens américains, mobilisant plus souvent ses forces contre l’énergie nucléaire, que contre la perspective d’un holocauste nucléaire. Pourtant la Belgique, l’Allemagne, l’Italie et les Pays-Bas sont directement concernées par le programme américain de modernisation des armes nucléaires, et le nier ne fait qu’augmenter le danger. De plus ces pays ne devraient pas tolérer que la Turquie, un autre membre de l’OTAN qui héberge des armes nucléaires américaines, continue ses provocations envers la Russie et son rôle trouble avec Daesh.
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