Le penseur et économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019) est une référence majeure pour tous ceux qui, aussi bien aux Etats-Unis que dans le monde, s’opposent aux courants néo-conservateurs anglo-américains (aussi bien républicains que démocrates) avides de transformer les Etats-Unis en nouvel empire agissant de façon unipolaire et conduisent de proche en proche – comme le démontrent les récentes tensions avec la Chine, la Russie ou encore l’Iran – vers un nouveau conflit mondial, y compris nucléaire.
La vidéo est sous-titrée en français : pensez à ACTIVER le sous-titrage s’il n’apparaît pas !
Pour coordonner et intensifier la campagne internationale visant sa réhabilitation, son épouse, Mme Helga Zepp-LaRouche, a créé la LaRouche Legacy Foundation (Fondation Lyndon LaRouche) dont elle a précisé les objectifs dans un court message vidéo posté sur le site de la Fondation et dont voici la transcription.
Pourquoi la « Fondation Lyndon LaRouche »
Par Helga Zepp-LaRouche, présidente du Mouvement des droits civiques - Solidarité (Büso) en Allemagne et fondatrice et présidente internationale de l’Institut Schiller.
Pour résumer, nous avons créé la « Fondation Lyndon LaRouche » dans le but de préserver l’œuvre de mon mari et de la mettre à la disposition du plus grand nombre.
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- Premier volume des oeuvres de Lyndon LaRouche en anglais. Pour toute commande, cliquez ici.
Nous voulons diffuser ses œuvres complètes, et c’est un travail colossal ! Ceux qui ont connu Lyn peuvent en témoigner, dans un bon jour, il pouvait écrire une centaine de pages, prêtes à être publiées, notes comprises, revues et corrigées.
Je n’ai pas encore évalué l’étendue de son œuvre, mais cela risque de se monter à 50, 60, voire 100 volumes, sans compter la correspondance privée avec des personnalités de premier plan et des responsables gouvernementaux du monde entier, les mémorandums internes ou la transcription de ses interventions filmées.
Cela représente donc un travail gigantesque, qui, à mon avis, est absolument crucial pour mettre en évidence son importance historique.
Lorsqu’on voit ce qui se passe aujourd’hui (et je refuse d’appeler cela une tragédie), on constate, à peine un an après son décès, le 12 février 2019, la pertinence de tout ce qu’il a pu dire tant de fois dans ses discours et ses interventions.
Aujourd’hui, le système s’effondre et lorsque LaRouche l’anticipait, les gens l’accusaient « d’exagérer ». Pourtant, nous y sommes !
Relire ce qu’il écrivait dans les années 1970, 1980, 1990 et 2000, vous surprendra. Ce premier volume n’est qu’un premier recueil de ses écrits économiques les plus importants, dont :
- Alors, vous voulez tout savoir sur l’économie ? (disponible ici en FR) ;
- La science de l’économie chrétienne (The Science of Christian Economy) ;
- Les prochaines cinquante années de la Terre (The Earth’s Next Fifty Years.).
Je vous invite à vous en procurer plusieurs exemplaires, pour vous et vos proches, et à vous faire plaisir en l’étudiant de près.
Avec la Fondation Lyndon LaRouche, nous comptons publier au moins deux volumes par an pour commencer, puis augmenter ensuite les parutions. Tout cela nécessite votre concours financier. Faites votre affaire de défendre ce trésor précieux !
Regardons maintenant un clip vidéo qui a été produit l’année dernière pour promouvoir cette initiative :
Bonjour à tous.
Beaucoup d’entre vous ont participé à la conférence en mémoire de mon mari, Lyndon LaRouche (1922-2019). Cela vous a sans doute donné un avant-goût de sa pensée magnifique, et de son importance pour le monde d’aujourd’hui.
En fait, environ une fois par siècle, vous avez un penseur de cette qualité exceptionnelle, qui par sa contribution intellectuelle, change l’ensemble du corpus du savoir d’une époque donnée et pose ainsi les jalons pour les générations futures.
La pensée de LaRouche atteint le niveau de celle de Platon, Nicolas de Cues, Kepler, Leibniz et Einstein, parce qu’il a apporté à l’œuvre de ces grands penseurs sa vision unique.
Je suis convaincue que publier aujourd’hui son œuvre si vaste (car il était l’un des auteurs les plus prolifiques de son époque) aura autant d’impact que la découverte de l’œuvre de Platon au début de la Renaissance !
Je m’explique. La Renaissance fut un long processus qui commença avec Dante Alighieri et Pétrarque, suivi des œuvres de grands architectes, peintres et sculpteurs.
Cependant, ce qui fit vraiment de la Renaissance un « changement de paradigme », fut l’introduction de la pensée de Platon et de Nicolas de Cues.
Ce dernier faisait partie d’un cercle d’humanistes qui estimaient que pour sortir le monde des guerres et des divisions, il fallait repenser l’histoire de la civilisation à partir des manuscrits originaux de toutes les cultures et de toutes les époques.
C’est notamment pour mettre fin au schisme de 1074 entre l’Eglise catholique et l’Eglise d’Orient, qu’il voulut savoir si le concept du « Filioque » figurait ou non dans les transcriptions des premiers conciles de l’Église. Or, ce concept inhérent à la Trinité était la question qui divisait la chrétienté : le Saint-Esprit procédait-il uniquement du Père, ce qui était la croyance défendue par l’Église orthodoxe, ou émanait-il également du Fils, Filioque signifiant en latin, « et du Fils ». [1]
En cherchant partout, Nicolas de Cues finira par trouver des manuscrits convaincants.
Ce fut une percée énorme, car cela signifiait qu’il pouvait convaincre les pères de l’Église orthodoxe de participer aux conciles œcuméniques de Ferrare et de Florence.
Pour garantir leur succès, Nicolas de Cues se rendit personnellement à Byzance pour ramener une délégation d’environ 700 personnes, y compris l’empereur de Byzance, le patriarche et de nombreux érudits.
En chemin, alors qu’il converse avec le conseiller de l’empereur, Georges Gémiste « Pléthon », un grand défenseur de Platon, Cues prend conscience de l’importance de Platon par rapport à Aristote, qui en avait déformé les idées ou était tout simplement incapable de les comprendre. Et surtout, qu’Aristote était incompatible avec le christianisme.
C’est déjà pendant ce voyage, et suite à ses échanges avec les érudits, que Nicolas de Cues conçoit le plan de son futur traité De la Docte Ignorance (1440), où il exposera sa vision de la « coïncidence des opposés » (coincidentia oppositorum).
C’est l’idée que le « un » est d’une valeur et d’une magnitude différente et plus élevée que le « multiple », et que l’esprit humain peut dépasser les oppositions en s’élevant à un niveau supérieur de raison, lui permettant de résoudre des problèmes qui resteraient sinon insolubles sur un plan inférieur.
Et cette idée, en effet, constitua une véritable percée conceptuelle, car pour Aristote, aucune chose ne peut être cette chose tout en étant son contraire. Or, pour tous ces penseurs, y compris Nicolas de Cues, c’était une erreur de rester au niveau de pensée le plus bas, car cela vous rend incapable de résoudre les paradoxes.
Également, dans son Apologie de la Docte Ignorance (1449), où le Cusain réfute Johannes Wenck, un professeur de Heidelberg, il souligne que la logique aristotélicienne se situe à un niveau très bas, à peine au-dessus de l’animal, alors que la méthode développée par Platon (et que je développe maintenant davantage) est une pensée créatrice, consciente d’elle-même.
La « coïncidence des opposés » peut s’illustrer avec l’image de quelqu’un qui monte au sommet d’une haute tour et, de là, peut observer les choses d’un point de vue supérieur. Il verra, en quelque sorte, le chercheur, l’objet de la recherche et le processus de recherche. C’est une approche radicalement différente.
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- Le cortège de personnalités arrivées à Florence depuis Ferrare à l’occasion du concile (1438-1439). Fresque de Benozzo Gozzoli à la chapelle des Mages du palais Medici-Riccardi à Florence.
Cues conduisit sa délégation au Concile de Ferrare, puis à Florence où ses membres, notamment le cardinal Bessarion, archevêque de Nicée, purent échanger avec le cardinal Giuliano Cesarini, chargé de l’organisation des conciles de Bâle-Ferrare-Florence.
Si jusque-là, seuls quelques monastères disposaient d’une rare copie d’une œuvre de Platon, c’est grâce à ces rencontres entre humanistes, lors des conciles, que l’œuvre complète de Platon, éclipsée depuis la guerre du Péloponnèse, finira par pénétrer dans nos contrées.
D’ailleurs, la connaissance du grec était si rudimentaire que lorsque Pétrarque, qui par ses lectures d’Augustin avait compris l’importance de Platon, cherche à s’initier à cette langue, il ne trouve personne d’assez qualifié pour lui enseigner.
Les conciles furent ainsi à l’origine d’un incroyable ferment intellectuel. Le grand manufacturier de textile, le florentin Côme de Médicis, y assista. Enthousiasmé, il décida de financer la traduction des œuvres complètes de plusieurs auteurs grecs dont Platon.
La réintroduction de Platon en Occident, enrichie par la pensée de Nicolas de Cues, représente alors un changement paradigmatique si important qu’on peut y voir avec raison le tournant où la civilisation européenne passe du Moyen-Age aux Temps modernes, si l’on entend par Moyen-Age l’époque d’une scolastique stérile, de l’aristotélisme, de la superstition et de la sorcellerie, et que l’on identifie les temps modernes avec l’émergence d’une image nouvelle d’un homme qui devient citoyen, capable de se perfectionner, de comprendre les lois de l’univers et d’améliorer, grâce à la science et les technologie, le sort de ses semblables. C’était donc une révolution complète et elle jeta les bases de tout ce qu’il y aura de bon dans l’histoire européenne au cours des 600 années à venir.
Je suis absolument convaincue qu’aujourd’hui, la publication des œuvres de Lyndon LaRouche aurait un effet semblable, voire plus puissant encore !
Or, qu’avons-nous aujourd’hui ? On assiste, en Occident, à une crise culturelle profonde, à un effondrement des valeurs morales, à la domination des sciences par l’utilitarisme et l’idée de profit. Un certain nombre de scientifiques, hélas, au lieu de chercher la vérité, cherchent à conserver leur poste et leur salaire, un phénomène bien connu dans les facultés du monde entier. Et pour les garder, ils sont prêts à écrire exactement ce qu’on attend d’eux.
L’effondrement culturel de l’Occident est évident pour tout le monde – le fléau de la toxicomanie, une culture dégradante pour les jeunes, la violence gratuite, le culte du plaisir immédiat, la laideur érigée en œuvre d’art, et j’en passe...
Je suis donc absolument convaincue que le moment est mûr pour publier au plus vite les œuvres de Lyndon LaRouche et que cela suscitera un intérêt extraordinaire car le ferment est déjà là.
Si nous vivons un véritable « Age des Ténèbres » en Occident, ce n’est pas le cas pour le reste du monde, car l’esprit de la « Nouvelle Route de la soie », créée et parrainée par la Chine, a déjà frayé son chemin dans environ 126 pays qui ont rejoint l’initiative « Ceinture et Route », et qui pensent jeter les bases d’une ère complètement nouvelle où la pauvreté et le sous-développement seront éradiqués.
Il y a quelques semaines, j’ai participé au « Dialogue des civilisations asiatiques », un événement extraordinaire qui s’est tenu à Beijing. Quarante-sept nations y étaient représentées, et toutes étaient très fières de ces anciennes civilisations asiatiques, remontant à plusieurs milliers d’années (5000 et plus), et elles étaient conscientes que nombre d’entre elles furent les berceaux de l’humanité.
Pour ces nations, le « siècle asiatique » arrive, ou il a, en fait, déjà commencé, alors que l’Occident est en pleine décadence. Ce que font les Asiatiques est formidable. C’est très inspirant, mais je pense aussi que nous ne pouvons pas laisser s’effondrer l’Europe et les États-Unis. Nous devons adopter une approche où tous les pays et tous les continents prospèrent en même temps.
Et je suis absolument convaincue que cela ne peut se faire que si tous les pays rejoignent le nouveau paradigme, si nous développons l’Afrique ensemble, avec les Africains ; si nous vainquons le sous-développement en Amérique latine, en Asie, et si nous éradiquons toutes les poches de sous-développement aux États-Unis et en Europe. Mais pour cela, nous avons besoin d’un dialogue des cultures ramenant les meilleures traditions de toutes les cultures classiques.
Et surtout, que la pensée la plus avancée qui ait jamais existé, celle de Lyndon LaRouche, puisse réellement déclencher une Renaissance dans les sciences et les arts, et que s’ouvre enfin la discussion sur l’image de l’homme, pour l’avenir de l’humanité, comme ce fut le cas pendant la Renaissance européenne.
Si vous pensez que c’est une idée valable, alors je vous le demande : soyez généreux et aidez-nous à faire en sorte que cela devienne une réalité. Vous pouvez nous aider de plusieurs façons : contactez-nous et nous vous trouverons quoi faire pour participer à ce projet passionnant.
Pensez aussi que nous avons besoin de votre soutien financier pour y parvenir.
Aidez-nous en ayant conscience que c’est maintenant que nous devons façonner une nouvelle ère de la civilisation, qui sera, espérons-le, celle où les êtres humains se comporteront les uns envers les autres comme des êtres humains, où l’avenir de l’humanité sera à l’image des relations entre Wilhelm von Humboldt et Friedrich Schiller, ou entre Albert Einstein et Max Planck, où les nations seront liées les unes aux autres dans un esprit totalement nouveau, ce que Nicolas de Cues appela le spiritorum universorum, le nouvel esprit animant déjà la « Nouvelle Route de la soie », et que les œuvres de mon époux bien-aimé puissent être l’étincelle cruciale qui rende cela possible.
(Traduit de l’anglais et annoté par Karel Vereycken.)
[1] La théologie de la Sainte Trinité s’était formulée lentement, au cours des siècles précédents, à la suite des longues controverses qui occasionnèrent les conciles de Nicée, d’Éphèse et de Chalcédoine. Elle peut se résumer en ces termes : « Une seule substance, trois Personnes », ce qui signifie que la substance, ou l’essence, ou la nature, est une en trois Personnes, mais distinguée entre elles par ce qui est individuel à chacune, à savoir la « propriété » de chacune. Ces propriétés sont les relations qui règnent entre les Personnes. Le Père (le potentiel infini) est « celui dont les autres viennent » comme d’une source. Le Fils et le Saint-Esprit sont ceux qui ont été engendrés (l’actualisation du potentiel), le Fils « par génération », le Saint-Esprit « par procession ». Latins et Grecs s’accordaient sur la génération du Fils, mais non sur la procession du Saint-Esprit. En effet, pour les Latins, le Saint-Esprit (l’amour créateur) procède du Père « et du Fils » (En latin Filioque), alors que pour les Grecs, il ne procédait que du Père et de lui seul. Implicitement, le concept de Filioque souligne la réalité d’une étincelle divine créatrice, rendant chaque homme à l’image du créateur.
Philosophiquement, on pourrait dire que la Trinité exprime, de façon métaphorique, le concept platonicien d’une « unité dynamique », précédant le concept de la « monade » chez Leibniz. Pour les inconditionnels du principe de non-contradiction d’Aristote (A n’est pas égal à non-A), la Trinité n’est qu’une « contradiction dans les termes », puisqu’une chose trine ne pourra jamais être une. Avec l’aide de son ami, le cardinal grec Bessarion, Nicolas de Cues démontre que le concept de Filioque, qui date du Concile de Nicée (325), fut repris dans les écrits de Saint-Basile (329-379), un des pères de l’Église, tenu en haute estime par l’église orthodoxe. NDT.
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