Plusieurs centaines d’experts se sont réunis le 24 avril à Moscou pour une conférence internationale sur le thème : « une Liaison de transport transcontinentale entre l’Eurasie et l’Amérique traversant le détroit de Béring ».
A la demande des organisateurs, Lyndon LaRouche est intervenu durant l’évènement grâce à un article, lu par Jonathan Tennenbaum, collaborateur de l’économiste américain durant de nombreuses années. L’article sera également publié, en anglais et en russe, dans Forum International.
Cette réunion était la première de toute une série prévue sur les « Mégaprojets de l’Est russe ». Elle a été organisée par le Conseil pour l’étude des forces productrices de l’Académie des Sciences russe en coopération avec le ministère du Développement Economique et du Commerce, du ministère du Transport, de la Société des Chemins de Fer Russe ainsi que plusieurs gouvernements régionaux russes de Sibérie et d’Extrême-Orient.
Selon le président du Conseil et académicien, Alexander Granberg, la prochaine étape concernera les études de faisabilité d’un couloir rail-route-oléoduc-gazoduc en territoire russe, long de 6000 kilomètres, reliant Iakoutsk en Sibérie orientale, à Fort Nelson, au Canada. L’un des principaux défis du projet sera les quelques cent kilomètres de tunnel sous le détroit de Béring. « A cause des îles, précisa Granberg, il s’agira plutôt de deux tunnels de cinquante kilomètres chacun. »
A la conférence, du côté américain, participait l’ancien ministre de l’Intérieur et ancien gouverneur d’Alaska, Walter Hickel, fervent partisan du projet. Tout comme Lyndon LaRouche, il a plaidé pour le développement économique plutôt que le conflit. « Pourquoi faire la guerre, alors que nous pourrions réaliser de grands chantiers ? » demanda-t-il.
Jonathan Tennenbaum, connu en Russie comme co-auteur du Rapport spécial de l’Executive Intelligence Review sur le Pont terrestre eurasiatique, a élaboré le concept de « couloir d’infrastructure ». « Leur construction dans le grand Nord constituera le défi du XXIème siècle, et pour y répondre, nous pourrions envisager une chaîne de villes alimentée par des réacteurs nucléaires. Vu leurs compétences réciproques, ce serait un excellent projet pour une coopération russo-américaine. »
La carte politique du monde change Mendeleïev aurait été d’accord
Article rédigé par Lyndon LaRouche le 13 mars 2007, destiné au Conseil pour l’étude des forces productrices de l’Académie des Sciences russe.
L’idée de créer un réseau ferroviaire transsibérien, étendu à l’Amérique du Nord via le détroit de Béring, remonte implicitement à la visite de Dmitri Ivanovitch Mendeleïev à Philadelphie en 1876, à l’occasion de l’Exposition pour le centenaire des Etats-Unis.
Suite à la défaite du plan de lord Palmerston visant à démanteler les Etats-Unis, défaite grâce au leadership du président Abraham Lincoln, l’influence de ce que l’on appelle le « Système américain d’économie politique » a gagné la Russie .Il a, entre autres, inspiré les réformes de Bismarck en Allemagne et l’industrialisation du Japon.
Cette évolution « géopolitique » globale, dans la période 1865-1876, a constitué l’enjeu central de toutes les grandes guerres du monde, depuis l’orchestration britannique de la première guerre du Japon contre la Chine, en 1894-95, jusqu’à la mort du président américain Franklin Roosevelt en 1945.
Au gré des flux et reflux de l’histoire économique et géopolitique mondiale jusqu’à ce jour, la réalisation de l’intention de Mendeleïev pour développer la Russie est restée décisive (...). Faire revivre aujourd’hui ce dessein est d’une importance cruciale pour le monde.
La même impulsion vers de nouvelles guerres mondiales persiste aujourd’hui sous d’autres formes. En ce moment, le monde est aux prises avec ce qui risque de devenir, bientôt, le plus grand effondrement monétaire et financier de tous les temps. L’extension de la guerre et d’autres conflits à partir de l’Asie du Sud-Ouest reflète la même dynamique géopolitique ayant motivé toutes les grandes guerres depuis la conclusion du traité de Paris, en 1763, et plus encore, depuis la mise en cause du système monétaire libéral anglo-hollandais, que représenta la montée en puissance des Etats-Unis, au cours de la période 1865-1876.
L’effondrement imminent d’un système monétaro-financier mondial surgonflé, en pleine désintégration, nécessite que les grandes nations responsables prennent ensembles des mesures d’urgence. Pour cela, les Etats-Unis doivent opérer de toute urgence un changement de cap politique brutal, afin de renouer avec les traditions du président Franklin Roosevelt. Ce changement de politique doit se faire en coopération avec un concert de grandes puissances mondiales - Etats-Unis, Russie, Chine et Inde - qui doivent devenir le point de ralliement d’un nouveau partenariat entre économies d’Etats-nations parfaitement souveraines.
Dans le cadre de cette coopération, il faudra développer un vaste réseau de successeurs modernes aux vieilles formes de transport ferroviaire à travers toute l’Eurasie continentale et, via le détroit de Béring, jusqu’en Amérique. Nous devrons faire en sorte que des régions actuellement désertes ou inhospitalières intègrent le développement futur, nécessaire, de la planète dans son ensemble.
Un tel projet a été énoncé, en 1990-1992, sous la direction de ma femme, Helga Zepp-LaRouche, principale dirigeante politique et culturelle de mon mouvement en Europe et ailleurs. Voilà la perspective que nous devons faire revivre pour qu’elle devienne réalité.
Sur le plan technologique, le principal élan du développement scientifique réside dans la succession des travaux de personnalités exemplaires comme Mendeleïev et l’académicien Vladimir Vernadski, et dans les travaux d’un scientifique méritoire, mais peu connu dans ce domaine, le pionnier américain William Draper Harkins.
Pour cela, il est nécessaire de conclure des accords diplomatiques à long terme entre nations, en vue de créer un nouveau système monétaire à taux d’intérêts relativement fixes et à taux directeurs très faibles, sur des périodes allant d’un quart à un demi-siècle. Cette période couvre la moitié de la durée de vie économique et financière des principaux investissements à long terme dans le développement de l’infrastructure économique de base dont auront besoin les générations actuelles et futures de ces régions.
Nous sommes arrivés à une époque, mesurée à l’heure de la fission nucléaire et du développement de la fusion thermonucléaire, où la longue domination historique des puissances maritimes, ouvertement ou implicitement impériales, sur les vastes étendues terrestres de la planète n’est plus une option acceptable. C’est au contraire un mode de développement de l’infrastructure économique de base et du niveau de vie, basé sur le progrès scientifique et intensif en capital, qui doit désormais dominer le développement des relations entre nations souveraines de la planète. A cette fin, les forces à l’oeuvre pour développer la productivité du travail grâce à la science et à la technologie doivent s’élancer à la conquête des toundras et déserts de notre planète. Le développement doit désormais s’étendre depuis l’Arctique en direction du Sud, vers l’Antarctique.
Franchir le détroit de Béring devient, ainsi, le berceau de la naissance d’une nouvelle économie mondiale.