17 octobre 2008 (Nouvelle Solidarité) – Sur le thème « Est-il temps pour un Nouveau Bretton Woods ? », l’émission Face off d’aujourd’hui, diffusée sur France 24 monde, a interrogé Christian de Boissieu, président du Conseil d’analyse économique du Premier ministre François Fillon, et Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès. Cette émission se situe dans le contexte du voyage de Nicolas Sarkozy à Camp David samedi, pour rencontrer Georges Bush et le convaincre de se joindre à l’initiative pour une refonte du système monétaire et financier international qui rassemblerait à New York à la mi-novembre, les pays du G7, la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique.
Interrogé sur la possibilité d’un accord entre Sarkozy et Bush, Jacques Cheminade a répondu qu’il fallait considérer que la situation y aidait puisque aujourd’hui, changer de système est désormais « une question de vie ou de mort ». Ensuite, le journaliste a demandé si les Etats-Unis avaient besoin d’un Nouveau Bretton Woods. Christian de Boissieu a expliqué qu’à la vue de la situation des banques américaines, c’est autant nécessaire pour l’Europe que pour les Etats-Unis, et qu’ « ils joueront le jeu ». Jacques Cheminade a, lui, souligné que si le peuple américain a besoin de ce changement de système, « pour la City de Londres et Wall Street c’est une autre histoire ». De Boissieu a ajouté que cette conférence ne se limitera pas au G7, mais sera une réunion d’un G8 étendu à l’Inde, la Chine, le Brésil et d’autres. Cheminade est ensuite revenu sur l’enjeu fondamental de ce Nouveau Bretton Woods, qu’il a qualifié de « défi pour la civilisation » et dont la France se doit d’être « un catalyseur ». Cette conférence doit définir un nouveau système plutôt que de « chercher à s’adapter pour sauver le système à coup de combines et de régulations », a t-il dit.
Sur la question des futures régulations, Jacques Cheminade a rappelé que l’ « on ne peut prétendre à la vertu en régulant le vice ». Il a précisé que nous avions affaire à « une pyramide de dettes illégitimes et impayables » constituée de 600 000 milliards de dollars de paris dérivés représentants des échanges interbancaires d’au moins 2 millions de milliards par an. Dans cette situation, « soit l’on trie ces dettes, soit ce sont les gens qui seront triés ». Ensuite, Cheminade s’est permis un « vilain mot », en parlant de « la mise en redressement judiciaire » du système, à l’image de ce que l’on fait pour une entreprise en faillite afin de sauvegarder ses fonctions utiles dans l’économie réelle. Il faut donc une « véritable régulation », conservant les dérivés liés à des actifs tangibles mais jetant tout le reste.
Sur ce point, Jacques Cheminade a souligné qu’il était impensable de confier la régulation à ceux qui sont à l’origine du problème, comme par exemple Alan Greenspan, qui a conseillé le gouvernement Brown pour son plan de sauvetage, ou Michel Camdessus, ancien directeur du FMI, nommé à la tête de la structure française de refinancement des banques. Cheminade a aussi dénoncé les conflits d’intérêts dans le cas du Plan Paulson, puisque l’administrateur du fonds de 700 milliards est, comme Paulson lui-même, un ancien de Goldman Sachs. « Fini, plus de Sachs le soir », a-t-il dit.
Jacques Cheminade a ensuite rappelé qu’avec Lyndon LaRouche, ils avaient fait le bon diagnostic depuis 1993 en dénonçant le système des produits dérivés, et que depuis lors, ils ont proposé cette politique de Nouveau Bretton Woods. « On entend trop parler et parler, des gens comme Soros qui sont pourtant les créateurs des dérivés et des hedge funds (…) on ne devrait pas leur permettre de parler autant », a-t-il dit, avant de conclure l’émission en disant : « c’est le médecin qui fait le bon diagnostic qui délivre les bons remèdes. »