Nice, Saint-Étienne-du-Rouvray... Le hideux et l’insupportable sont devenus désormais quotidiens, et face à ce terrorisme qui se répand, l’incapacité de nos élus à y mettre fin, doit être pleinement posée. Les têtes patibulaires, suivies des demi-mesures ne suffiront pas : il faut changer totalement de politique.
Côté gouvernement on annonce le renforcement de la lutte contre Daech. Mais lorsque nos forces ont frappé, sans aucun mandat de l’ONU, dans le nord de la Syrie, après l’attentat de Nice, elles ont tué 120 civils ! Les hommes de Daech avaient déjà quitté la localité, fuyant devant les avancées de l’Armée de la République syrienne. Refusant de coordonner notre action avec les seules forces qui ont la volonté de vaincre le terrorisme – l’Armée de la République syrienne et la Russie – nos militaires n’étaient pas au courant de ce « détail ».
La réalité est que comme le dit Le Canard Enchaîné du 20 juillet, dont nous reprenons des extraits ci-dessous, la France refuse de rompre avec la doctrine des néoconservateurs américains qui consiste à instrumentaliser les djihadistes – repeints en « terroristes tolérables » - pour chasser Bachar al-Assad du pouvoir, et seulement ensuite lutter contre les extrémistes. On a vu le « succès » de cette stratégie en Libye.
Côté opposition, à droite et à l’extrême droite, c’est la surenchère dans les stratégies sécuritaires, sans toucher au fond de la question : les guerres coloniales de changement de régime, menées avec les États-Unis et le Royaume-Uni au Moyen-Orient, à l’aide des djihadistes, et l’absence de politique de paix par le développement des deux côtés de la Méditerranée permettant à chacun de mener une vie productive dans son pays d’origine.
Sans aller au cœur des choses, les stratégies proposées par Les Républicains (LR) ne peuvent réussir ; elles ne réussissent pas déjà. Pire, elles risquent de nous conduire vers une guerre civile, en raison des amalgames faits entre terroristes et des millions de Français issus de l’immigration maghrébine ou de confession musulmane.
Que demandent Les Républicains ? D’apposer des bracelets électroniques sur tous les fichiers S. Est-ce que cela a empêché l’égorgeur du père Jacques Hamel de commettre son méfait ? De créer un Guantanamo à la française. L’original de ce modèle, a-t-il permis aux États-Unis d’empêcher les attentats sur son territoire ? Eric Ciotti prône l’interruption « totale » des flux migratoires des zones à risques. Mais, a-t-il songé de mettre fin à l’Europe supranationale actuelle dans laquelle Schengen et la libre circulation des biens et de personnes sont un droit fondamental ?
Quand aux « centristes », Hervé Morin a proposé dans les pages du Figaro « d’israéliser notre sécurité » ! Est-ce que ces pratiques ont réussi en Israël, embourbé depuis plus de 30 ans dans une guerre civile permanente ? Même question : à quoi ont servi à Nice, toutes les caméras de surveillance – 1 par 360 habitants ? Car pour que ces techniques marchent, encore faut-il que ceux qui sont censés surveiller caméras et autres techniques, aient la volonté de réussir.
Au Royaume-Uni, aux États-Unis, les peuples commencent à se réveiller à l’état terrifiant de leurs pays, et à demander des comptes à leurs élus. 1) Au Royaume-Uni, l’enquête de la Commission Chilcot sur le rôle « d’instigateur » de la première guerre d’Irak que Tony Blair a pu jouer, a statué le 6 juillet, que cet ancien Premier ministre britannique, n’avait pas épuisé toutes les voies de la paix avant de déclencher ce conflit.
Aux États-Unis, sous la pression des élus démocrates et républicains du Congrès, et des familles des victimes du 9/11, Obama a enfin accepté de rendre publiques les 28 pages du rapport de la Commission conjointe du Congrès sur les attentats du 11 septembre 2001 qui incriminent l’Ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington de l’époque, le Prince Bandar ben Sultan, et d’autres officiels saoudiens, dans la préparation des attentats du 11 septembre contre les Twin Towers.
Tony Blair, Bandar ben Sultan, voilà l’opération des néoconservateurs qui est encore active en France aujourd’hui et qui est dénoncé par le Canard.
Sommes-nous aussi bêtes pour ne rien changer ? Si nos responsables ne le font pas, le peuple français devra faire ce travail. Jacques Cheminade et Solidarité & Progrès ont déjà commencé.
Une coopération USA-Poutine en Syrie et en Irak - Washington propose « un commandement conjoint », pour bombarder Daech et Al-Nosra.
Le Canard Enchaîné du 20 juillet 2016.
Extraits :
« Avec la bénédiction de Barack Obama, le secrétaire d’État John Kerry est arrivé à Moscou, le 14 juillet, porteur d’un document qui rend furieux les « faucons » américains, quelques « néoconservateurs » du Quai d’Orsay et certains experts en « djihadologie » français et européens auxquels le seul nom de Poutine donne des boutons.
Le « Washington Post » a publié des extraits de ce « projet de fiançailles antiterroristes », comme le qualifie un diplomate français. Obama propose en effet à Poutine l’installation d’un « commandement militaire conjoint », à Amman, en Jordanie, et « une coordination en vue d’opérations militaires avec partage du renseignement, ciblage des objectifs et planification des frappes aériennes ». Il s’agit de passer d’un accord de fait – depuis plus d’un an, Américains et Russes bombardent en évitant que leurs avions ne se percutent - à une franche coopération. L’ambition commune est d’en finir avec Daech et Al-Nosra, la filiale syrienne d’Al-Qaïda.
Pour Obama, Kerry et le Pentagone, c’est une véritable autocritique. Jusqu’à présent, si les pilotes de l’US Air Force arrosaient de missiles les positions de Daech, ils avaient ordre de ne jamais toucher à un cheveu d’Al-Nosra. Et les Rafale et Mirage français épargnaient, eux aussi, ces terroristes intouchables, si l’on ose dire. Cette complaisance franco-américaine envers les combattants d’Al-Nosra , aussi cruels que ceux de Daech, mérite une explication. Dans la guerre menée contre l’armée syrienne, « une alliance de circonstance », formule d’un militaire français, s’est constituée, sur le terrain, entre ces partisans d’Al-Qaïda et quelques groupes de rebelles, dits modérés, qui rêvaient d’entrer en vainqueurs à Damas et avaient le soutien de Washington et de Paris, où l’on espérait se débarrasser ainsi de Bachar.
Terroristes tolérables
Autre information, partagée, d’ailleurs, avec d’autres médias, et à déguster lentement pour éviter un violent mal de tête : Al-Nosra a des associés dans son combat, les groupes Ahrar Al-Sham et Jaysh al-Islam, des terroristes en tout genre financés par nos amis du Qatar, d’Arabie saoudite et de Turquie. À Paris et à Washington, personne ne reproche à ces États de jouer, depuis bien des années, aux supporteurs du terrorisme.
Le comportement ambigu des États-Unis à l’égard d’Al-Nosra et d’Al-Qaïda n’a pas davantage provoqué de hurlements à l’Élysée ou au Quai d’Orsay. David Petraeus, ancien commandant en chef des forces US en Afghanistan, puis ex-patron de la CIA, est allé encore plus loin qu’Obama. Le 31 août 2015, lors d’un entretien publié sur le site The Daily Beast, ce vieux routier des guerres américaines invitait les États-Unis à conclure une véritable alliance avec Al-Qaïda et Al-Nosra contre Daech. »
« Quai d’Orsay : drôle de mouvement… »
Dans son dernier éditorial (25 juillet) posté sur son site en Suisse, « ProcheetMoyen-Orient.ch », consacré à la cinquantaine de nominations d’ambassadeurs faites par Laurent Fabius avant de quitter le ministère, Richard Labevière, ancien rédacteur-en-chef de Radio France International et fin connaisseur du Moyen-Orient rapporte quelques perles à propos de ces « néoconservateurs » du Quai d’Orsay, auquel fait référence l’article cité plus haut du Canard Enchaîné.
Extraits :
« Avant de prendre une retraite dorée à la présidence du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius a bétonné un dernier « mouvement » d’ambassadeurs. Celui-ci est en cours de réalisation et sera bouclé d’ici la fin de l’été pour la prochaine Semaine des ambassadeurs qui se tiendra du 29 août au 2 septembre prochains au Centre de conférences ministériel à Paris.
Dans un mouvement d’une cinquantaine de nouveaux ambassadeurs – dont 40 % de femmes, c’est une première ! –, le cas qui passe le plus mal est la nomination de l’ancien directeur de France Culture – Olivier Poivre d’Arvor – en Tunisie. Au Département, – c’est l’appellation par laquelle les gens de la maison nomment leur ministère – d’aucuns s’interrogent sur la pertinence du choix d’un ambassadeur « sans expérience politique, économique et sécuritaire dans un pays frappé plusieurs fois par de spectaculaires attentats terroristes, limitrophe d’une Libye en état d’implosion et d’une Algérie en transition » (...)
À Tunis, ce n’est pas la joie non plus : « on aurait préféré un diplomate de terrain connaissant bien le Maghreb et les subtilités de la rue arabe, cinq ans après le déclenchement de la « révolution » alors que le pays reste très fragile, menacé par de profondes tensions politiques et sociales sur fond de misère et de chômage chronique », explique un haut fonctionnaire tunisien. »
Parmi les autres bourdes listées dans cet intéressant article, il y a aussi celle-ci :
(...) « simultanément, c’est François Sénémaud, l’ancien directeur du renseignement de la DGSE, qui est envoyé à… Téhéran. Pas très enthousiastes, les Iraniens ont fait traîner son agrément pendant plus de quatre mois. « Assurément fâché de se voir envoyer un chef espion, les Iraniens vont multiplier les difficultés et il ne pourra pas faire grand-chose », précise l’un des directeurs du Quai d’Orsay. » (...)
Enfin, il y est aussi question de François Richier, dont voici le portrait peu flatteur : « ex-ambassadeur de France en Inde où il n’a pas fait d’étincelles, poursuit sa carrière en Afghanistan. Ancien du cabinet Juppé au ministère des Affaires étrangères, Richier est l’un des membres de l’école néoconservatrice française que le journaliste Vincent Jauvert appelle dans son dernier livre (La Face cachée du Quai d’Orsay), « la secte », son autre nom en usage au Quai d’Orsay étant « La Meute »… François Richier a été successivement sous-directeur de la non-prolifération, directeur adjoint puis conseiller technique à la cellule diplomatique de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy (son successeur dans ce poste a été Alexis Morel, fils de l’ambassadeur Pierre Morel et époux de la journaliste Appoline de Malherbe sur BFM. Alexis Morel a été auparavant en poste à Washington).
Très proche de feu Thérèse Delpech, la passionaria de « La Meute », la nomination de François Richier consolide assurément l’influence de l’école néoconservatrice sur les grandes orientations de la politique étrangère de notre pays. »
Lire tout l’article dans : http://prochetmoyen-orient.ch/
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