En avril 2015, 18 universitaires, scientifiques, militants et citoyens, se sont regroupées pour publier « Un manifeste éco-moderniste ».
S’inscrivant en faux contre l’écolo-pessimisme malthusien, ils estiment au contraire que le savoir et la technologie, appliqués avec sagesse, permettra d’offrir à l’humanité un remarquable « Anthropocène ». [1]
En tant qu’écologistes et humanistes, ils estiment qu’un bon Anthropocène exige que les humains utilisent leurs capacités techniques, économiques et sociales, sans cesse grandissantes, pour améliorer la condition humaine, stabiliser le climat, et protéger la nature.
Ce manifeste existe désormais en français. Sans nécessairement en partager toutes les conclusions, il apporte une bulle d’oxygène au débat actuel où toute contestation des dogmes écologistes est d’emblée écartée.
L’argumentation centrale du manifeste est de réaffirmer un idéal du mouvement environnemental de longue date, selon lequel l’humanité doit réduire ses impacts sur l’environnement afin de laisser plus de place à la nature, tandis qu’il en rejette un autre, selon lequel les sociétés humaines doivent « s’harmoniser avec la nature » afin d’éviter un effondrement économique et écologique.
En voici quelques extraits :
Étant donné que les êtres humains dépendent totalement de la biosphère, comment est-il possible qu’ils puissent nuire tant aux systèmes naturels sans nuire à eux-mêmes ?
(...) Le rôle que joue la technologie dans la réduction de la dépendance de l’humanité à la nature explique ce paradoxe.
(...) La civilisation humaine peut prospérer pendant des siècles et des millénaires grâce à l’énergie fournie à partir d’un cycle fermé de combustibles à base d’uranium ou de thorium, ou encore de la fusion de l’hydrogène-deutérium.
(...) Même si dans l’ensemble les impacts humains sur l’environnement continuent de croître, un ensemble de tendances à long terme conduit aujourd’hui à un découplage important entre bien-être humain et impacts environnementaux.
(...) Le découplage soulève la possibilité que les sociétés atteignent un impact maximum sur l’environnement sans empiéter davantage sur les espaces relativement vierges. La nature non utilisée est une nature épargnée.
(..) L’histoire des transitions énergétiques suggère, toutefois, qu’il a existé des tendances constantes associées aux façons dont les sociétés évoluent vers des sources énergétiques plus propres. C’est en remplaçant les combustibles de faible qualité […] par d’autres de haute qualité […] que pratiquement toutes les sociétés ont décarbonisé, et qu’on montre la voie vers une décarbonisation accélérée à l’avenir.
(...) Nous écrivons ce document, animés d’un amour profond pour la nature.
(...) Nous affirmons que les humains ont le besoin et la capacité de conduire un découplage accéléré, volontaire, et conscient. Le progrès technologique n’est pas inévitable.
(...) Nous offrons ce manifeste, convaincus que la prospérité de l’humanité et une planète écologiquement dynamique sont, non seulement possibles, mais aussi inséparables l’une de l’autre. En nous engageant dans les processus réels, déjà en cours, qui ont commencé à découpler le bien-être humain de la destruction de l’environnement, nous affirmons croire qu’un tel futur peut être réalisé. Ce faisant, nous affirmons une vision optimiste des capacités humaines et du futur.
[1] La Terre est entrée dans une nouvelle ère géologique : l’Anthropocène, l’âge des humains.
# Benoît Odille
• 06/10/2015 - 20:13
Je viens de lire leur manifeste et il est effectivement plutôt bon :)
Pour creuser le sujet et voir à quel point nous pouvons dire que nous avons inspiré ce type de mouvement universitaire, je suggère la lecture (ou relecture) de ce chapitre du livre d’économie de Lyndon LaRouche de 1995 consacré à la capacité de l’homme à accroître son peuplement par l’intensification de son travail :
http://www.solidariteetprogres.org/potentiel-densite-demographique-relatif.html
Et aussi de (re)regarder la présentation de Sébastien Drochon à l’AG de S&P en 2014 sur les principes de Vladimir Vernadsky concernant l’évolution du vivant et de l’homme :
https://www.youtube.com/watch?v=1B2GEQOQQRk
En tout cas, ces éco-modernistes (certes "carbocentrés") font plaisir à entendre !
Répondre à ce message