par Jonathan Tennenbaum
Ce texte résume sa présentation lors de la conférence de l’Institut Schiller près de Washington le 5 septembre 1993.
On dit que le langage étant la base de la pensée, personne ne peut penser sans avoir recours à des mots. Sans examiner ce qu’il peut y avoir de vrai dans cette affirmation, il ne faut pas oublier que la langue change et se développe dans le temps. De nouvelles conceptions naissent quelque part dans les profondeurs de l’esprit humain, et plus tard on leur donne un nom. Que se passe-t-il au niveau des langues mêmes ? Est-il possible que toute une langue puisse naître dans l’esprit d’une seule personne ?
Les toutes premières formes de la langue parlée ne nous sont pas connues. Les observations astronomiques rapportées dans les hymnes védiques, qui furent chantés et transmis de générations en générations bien avant d’être transcrits, permettent de dater ces hymnes à au moins 4000 ans avant J-C. En ce temps-là, le sanscrit était déjà une langue élaborée et complète. La structure fondamentale des langues indo-européennes, y compris l’ensemble des langues modernes européennes, ainsi que le russe et d’autres langues slaves, remonte à des milliers d’années et n’a pas substantiellement changé depuis. Il en va de même pour le chinois et pour des langues sémites comme l’hébreu et l’arabe. En dépit de multiples changements, les langues que parlent les hommes aujourd’hui sont donc très anciennes.
Des origines des mathématiques
Ce n’est pas le cas des mathématiques et de la musique. Les mathématiques — la partie de la langue dont le développement est le plus directement lié à l’accroissement du pouvoir de l’homme sur la nature au…