Il ne se passe pas un seul jour sans voir « l’opinion publique » s’indigner du « scandale » des déchets nucléaires. Si l’on admet volontiers que l’énergie nucléaire civile possède quantité d’avantages, une bonne partie de la population mondiale reste convaincue que le « problème » des déchets hautement radioactifs est insoluble. Les solutions proposées jusqu’ici, notamment l’enfouissement des déchets, ne sont acceptables ni sur le plan technique (nombre de sites limité, stockage complexe, longue durée de vie, etc.), ni sur le plan moral (on lègue le problème aux générations futures).
Pourtant, cette situation pourrait très vite changer si l’Europe, et la Belgique en particulier, décident de lancer le projet très prometteur du réacteur de recherche MYRRHA (Multi-purpose hybrid research reactor for high-tech applications), conçu par le Centre d’étude de l’énergie nucléaire (SCK-CEN) de Mol, à une cinquantaine de kilomètres d’Anvers.
Ce projet vise, entre autres, à démontrer la faisabilité technique, via la fission nucléaire, de la « transmutation » (terme emprunté aux alchimistes) des déchets radioactifs à longue durée de vie en déchets à durée de vie écourtée ou en atomes stables inoffensifs, voire en ressources nouvelles. « Myrrha est un projet qui dépasse les frontières de la Belgique. Il intéresse toute la communauté scientifique nucléaire nationale et internationale », affirme Bertrand Barré, ancien directeur de la communication scientifique d’Areva.
Rappelons que les découvertes de l’isotope et de la transmutation datent du début du XXe siècle. Les noyaux des atomes d’un même élément de la table de Mendeleïev peuvent avoir le même nombre de protons, mais un nombre différent de neutrons. On dit alors qu’ils sont des isotopes de l’élément en…