Selon un vieux principe aristotélicien, deux propositions contradictoires ne peuvent être vraies simultanément. Or les points de vue sur le vide de Pascal et de Leibniz sont contradictoires ; en conséquence, l’un des deux est faux et l’autre est vrai. Qui donc, de Pascal ou de Leibniz, a raison ?
Enoncé d’un problème
1646. Le jeune Blaise Pascal (1623-1662) est âgé de 23 ans ; il a reproduit les expériences de l’Italien Torricelli sur le vide et en a fait d’autres plus complètes. Si, par exemple, on remplit un tube en verre suffisamment long, avec du mercure jusqu’à ras et si, après l’avoir bouché avec le doigt, on le retourne sur une cuve remplie également de mercure, on constate en le débouchant que le niveau du métal y descend et s’y établit à une position intermédiaire entre l’extrémité supérieure du tube et le niveau dans la cuve (figure 1).
Pour Pascal, il est clair que cette expérience démolit le vieux dogme aristotélicien selon lequel « la nature a horreur du vide ». Qu’y a-t-il entre le niveau du mercure dans le tube et le haut du tube ? Un « air subtil » ? Rien ? Le vide ? Une célèbre polémique se développe alors entre Pascal et un père jésuite dénommé Noël. Ce dernier, « cartésien » comme la plupart des savants de…