Par Michael Liebig, mars 1992.
Dans les jours qui ont suivi la chute du mur de Berlin, la mauvaise humeur du président américain George Bush était si évidente que les journalistes de la Maison Blanche le lui ont fait remarquer. Le président a répondu, à propos de l’ouverture des frontières, qu’il n’aimait pas verser dans « l’émotion » et qu’il n’irait pas « danser sur le mur ».
George Bush s’inquiétait pour deux raisons. D’une part, la chute du mur et la réunification prévisible de l’Allemagne signifiaient la fin du système de Yalta. D’autre part, le conflit Est-Ouest, qui avait dissimulé les fondements géopolitiques du système de Yalta derrière la lutte entre le communisme et le « monde libre », tirait à sa fin.
A la fin de 1989, la classe politique à Washington, Londres, Paris et Moscou avait bien compris que les changements en Europe de l’Est étaient devenus irréversibles. Dès le sommet de Malte de décembre 89 et au gré des discussions entre chefs d’Etat, les quatre puissances victorieuses ont cherché à établir de nouveaux principes géopolitiques en Europe, sur les cendres du conflit Est-Ouest.
Les axiomes de la géopolitique
Mais qu’entend-on par « géopolitique » ? Considérant les événements historiques et les relations entre Etats, la géopolitique donne la priorité aux « facteurs objectifs », comme l’« espace » et les « masses », en opposition aux facteurs « subjectifs » comme…