L’histoire de l’euro commence essentiellement avec la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, et la peur de l’Empire britannique de voir émerger, selon la vieille conception géopolitique d’Harold Mackinder (Le Pivot géographique de l’histoire, 1904), non seulement une Allemagne réunifiée au cœur de l’Europe, mais surtout une puissante alliance entre la France, l’Allemagne et la Russie pour le développement économique du continent eurasiatique dans son ensemble.
L’Angleterre a toujours craint qu’une telle alliance, fondée sur des principes colbertistes, ne mette en danger la puissance d’un empire maritime mondial reposant sur la finance et le trafic d’opium. L’émergence d’une telle alliance avait été empêchée depuis la fin du XIXème siècle non seulement par l’affaire Dreyfus et la Première Guerre mondiale, mais également par les accords de Yalta négociés à la demande de Churchill et divisant l’Europe et l’Allemagne en deux après la Deuxième guerre mondiale.
C’est ce que révélera quelques années plus tard Margaret Thatcher dans ses Mémoires, dans lesquels la Dame de fer confie avoir appelé, en dépit de sa haine épidermique du communisme, le président russe Mikhaïl Gorbatchev pour lui demander d’intervenir – sous-entendu militairement – afin d’empêcher la réunification allemande. Celui-ci, comme en bien d’autres occasions lorsqu’il se verrait sollicité par des dirigeants occidentaux, avait alors fait preuve de complaisance.
Traité de Maastricht, Union européenne et Union monétaire
C’est dans le contexte des négociations « 4+2 » pour la réunification, entre les quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) et les deux Allemagnes, que seront jetées les bases de la monnaie commune.…