Alors que nous sommes plongés dans la pire crise financière de l’après-guerre, la victoire du parti séparatiste flamand Nouvelle alliance flamande (N-VA), mené par Bart de Wever lors des élections fédérales belges du 13 juin, met brutalement en question la survie des grands Etats-nations d’Europe. Jeune historien, de Wever, cet homme un peu rondelet qu’on dirait sorti d’un tableau de Jordaens, est un fanatique de l’Empire romain. Reconnaissons qu’il n’a pas la langue dans sa poche : « Je ne suis pas un révolutionnaire. Mon objectif est que la Belgique disparaisse sans que personne ne s’en aperçoive », déclare-t-il au Figaro Magazine du 12 juin.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’en Belgique se déroule une expérience de laboratoire révolutionnaire, pilotée par les plus hautes instances de l’Union européenne et des cartels financiers confrontés à la faillite de leur système. Pour cette Europe-là, celle que Barroso qualifia un jour d’« empire non impérial », la réduction de la dette et le sauvetage de l’euro passent aujourd’hui par l’affaiblissement des Etats-nations au profit d’une Europe des régions, verte et fédérale.
C’est de ce point de vue qu’il faut lire « La Flandre, nation d’Europe », un commentaire du député vert (corse) François Alfonsi, posté sur son blog au lendemain de la victoire des séparatistes flamands. Pour Alfonsi, « Ce succès éclatant ouvre la voie à ’l’élargissement intérieur’ de l’UE qui, à l’avenir, devra compter également sur de nouveaux membres issus de l’intérieur même des frontières des vingt-sept Etats-membres. (…) Le parti de Bart de Wever, le très charismatique dirigeant de N-VA, a des objectifs clairs et nets, et il entend arriver à ses fins : faire reconnaître la Flandre comme une nation d’Europe à part entière. Et ouvrir…