A Pierre et Bernadette
Pour ce vin nouveau que je sentais déjà fermenter, il fallait créer des ‘outres neuves’. Il fallait sans hésiter être révolutionnaire… Eh bien ! je le serai ! Aussi, toutes les prières que, jeune vicaire, je récitais avec mes enfants de patronage, se terminaient régulièrement par cette invocation quand nous étions seuls : ‘Notre-Dame de la révolution sociale – Priez pour nous’, répondaient-ils tous en chœur.
C’est l’histoire d’un petit curé de campagne qui s’était fixé comme but de mettre en place une éducation paysanne capable de redonner la dignité à ses frères paysans. Cette histoire, c’est avant tout l’histoire d’une belle idée, portée par un homme généreux, l’abbé Pierre-Joseph Granereau.
Cette histoire nous a été contée par l’abbé lui-même dans Le livre de Lauzun – Une histoire des premières Maisons familiales rurales (Editions L’Harmattan).
Publié en 1969, ce livre raconte comment l’abbé Granereau créa la première Maison familiale rurale (MFR), qui se voulait « une école de terrain qui tourne définitivement le dos à l’éducation classique des lycées napoléoniens », comme le dit Patrick Guès, responsable communication à l’Union nationale des Maisons familiales rurales, dans son introduction à la réédition du livre de l’abbé, en 2007.
La problématique
Il est certains que curés et instituteurs contribuent, chacun de leur côté, à priver l’agriculture de ses meilleurs éléments en envoyant les jeunes les plus intelligents, soit au séminaire, soit à l’école normale. [1]
et l’abbé lui-même :
L’Etat, par ses instituteurs primaires, à part quelques magnifiques exceptions, ne savait guère que dire aux paysans : ‘Ton fils est intelligent ; il ne faut pas le…