Jacques Cheminade évoque régulièrement le cas de la reconstruction de la France dans l’après-guerre. Brest, Caen, Le Havre et tant d’autres villes, sans crédit productif public, c’est-à-dire sans une « planche à billet » au service de la nation, jamais on n’aurait dû disposer du crédit pour les reconstruire. Enquête.
Ce n’est parfois qu’en cas de « force majeure » (un désastre naturel, une guerre) que nos dirigeants finissent par faire face à la réalité. Tel fut, heureusement pour nous, le cas en France à la Libération.
Car à la fin de la guerre, une France en faillite n’est plus qu’un champs de ruines :
- 20 % des immeubles d’habitation, des entreprises agricoles, industrielles ou commerciales sont détruits ;
- Les infrastructures de transport sont massivement sinistrées : les deux tiers des wagons de marchandises ont disparu ; le réseau de voies de communication est inutilisable. Il n’y a plus un seul pont sur la Seine en aval de Paris.
Les dommages s’élèvent alors, en francs constants, à un montant trois fois plus élevé que le total des dommages constatés à l’issue de la première guerre mondiale, alors que le revenu national en 1946 n’avait guère dépassé celui de 1918. Avec ceci de pire que c’est désormais à l’ensemble du territoire que s’étendent les destructions.
Mais il y a bien plus. La France sortait affaiblie et usée de la longue dépression des années 1930, de la guerre et de l’Occupation. Elle avait, disait-on, « manqué un cycle de prospérité ». Ainsi, s’il fallait réparer les dégâts, il fallait en même temps, pour rattraper le retard encouru par rapport aux autres nations, consacrer un énorme effort à la modernisation.
En 1946, les experts du Plan, sous la…