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Pour sauver l’Europe et la France, reconstruire l’espace méditerranéen
Par Kasia Kruczkowski
La reconstruction allemande entreprise après-guerre est la preuve empirique qu’un système de crédit productif public permet à une nation ruinée de se relever rapidement, à l’opposé d’un système monétariste. Les principes sous-jacents sont aujourd’hui tout à fait applicables aux pays méditerranéens.
La prospérité et la solidité économique de l’Allemagne furent érigées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans des conditions très difficiles. Minimisant ce qui est aujourd’hui connu comme le « miracle économique allemand » (wirtshaftswunder), les élites du système actuel prétendent que c’est la conjoncture qui l’a voulu, qu’il fallait bien reconstruire. On avait touché le fond, on ne pouvait que remonter...
De tels arguments sont bien utiles pour éviter de réfléchir aux principes économiques appliqués à l’époque, et ils ont bien souvent été invoqués afin d’empêcher la mise en œuvre de changements systémiques nécessaires - pour le plus grand plaisir des principaux acteurs de la mondialisation financière.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la situation de l’Allemagne était catastrophique : la plupart des infrastructures étaient détruites ; la fourniture d’électricité et de chauffage pour l’industrie et pour la population s’était effondrée ; les rationnements alimentaires étaient très bas et des millions de réfugiés venus de l’Est se trouvaient dans les villes bombardées, où près d’un quart des logements étaient inhabitables. La situation financière n’était pas meilleure.
L’Allemagne n’était pas considérée comme solvable, ce qui l’empêchait de s’appuyer sur…