Cet article constitue la quatrième partie du dossier de Solidarité et Progrès consacré à Keynes
Néanmoins, la théorie de la production conçue comme un tout, qui est ce que ce livre cherche à développer, convient beaucoup mieux aux conditions d’un Etat totalitaire que la théorie de la production et de la distribution de richesses produites dans les conditions de la concurrence libre et d’une large dose de laissez-faire. La théorie des lois psychologiques mettant en correspondance la consommation et l’épargne, l’influence des crédits sur les prix et les salaires réels, le rôle joué par le taux d’intérêt : ceux-ci restent les ingrédients nécessaires de notre schéma de pensée.
John Maynard Keynes, préface à l’édition allemande de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 7 septembre 1936.
Cette caractérisation que donne Keynes lui-même de sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, est restée une énigme pour les admirateurs du célèbre économiste anglais, un secret de famille qu’on préfère ne jamais soulever en public. Et cependant, c’est bien là l’essentiel.
Confrontée, au début des années 30, à la Grande dépression et à l’échec fracassant de la théorie classique développée par Smith, Malthus, Ricardo, Stuart Mills et autres penseurs impériaux, la Fabian Society appela Keynes à la rescousse pour contrer l’influence…