Principal conseiller économique du président Abraham Lincoln, partisan du système américain d’économie politique contre le système anglais du « laissez-faire », Carey réfute ici l’assertion de David Ricardo selon laquelle la qualité des terres diminuerait avec l’accroissement démographique.
Les premiers colons américains d’origine anglaise s’établirent sur le sol désertique du Massachusetts, fondant ainsi la colonie de Plymouth. Le continent s’étendait devant eux, mais ils ne pouvaient prendre que ce que leurs maigres moyens leur permettaient d’entretenir. D’autres colonies furent formées à Newport et à New Haven, et peuvent ainsi être retracées en suivant le cours des rivières, mais en prenant les terres les plus élevées et en laissant le défrichage et le drainage des marais à leurs successeurs. Les sols les plus productifs de la Nouvelle Angleterre sont ceux qui furent récupérés au cours du dernier demi-siècle.
Dans l’état de New York le processus a été le même. Les sols improductifs de l’île de Manhattan, et les terres plus élevées sur la rive opposée, attirèrent très vite l’attention alors que les terres plus riches, et plus accessibles, restaient encore incultivées. Il y a des traces de colons le long de l’Hudson jusqu’à la vallée de la Mohawk, où ils s’établirent près de la source des cours d’eau, là où il fallait peu de débroussaillage ou de drainage. Geneva, et d’autres villes et villages maintenant situés sur les riches terres de l’Etat, n’existaient presque pas il y a soixante ans, alors que les terres bordant la Pennsylvanie étaient déjà colonisées depuis bien longtemps, celles de Coshocton Creek ayant été décrites de très grande valeur en raison de l’« absence de tout désordre…