Dans ce texte, paru le 26 novembre 1979 dans Nouvelle Solidarité (c’est par ici l’abonnement), Jacques Cheminade avait mis en lumière l’apport fondamental de cet humaniste à la science de l’économie politique.
Messere Gaster, maistre ès économie politique
par Jacques Cheminade, novembre 1979.
En faisant de Messere Gaster le « premier maistre ès ars du monde », et le montrant à l’œuvre, François Rabelais (1483-1553) nous donne dans son Quart Livre la plus fructueuse leçon d’économie politique.
Sa polémique met bas le masque hypocrite des « humanistes » abstraits qui étouffent l’univers dans un réseau de lois fixes, et montre que la vie n’est pas un équilibre nécessairement mortel mais le flux toujours amélioré de matières nutritives (« et pour la tripe » !) dont le corps alimente la mentation créatrice.
Le véritable humanisme consiste à maîtriser ce processus pour le porter à son niveau le plus élevé, l’économie politique étant la médecine qui administre au corps social le programme concret de développement nécessaire à sa santé — à sa « renaissance » intervenant à chaque moment décisif de l’histoire.
Il n’est pour cela pas de recette miraculeuse, mais un principe invariant de création : Messere Gaster incarne le courant incessant d’inventions qui est la loi naturelle du développement de notre espèce exprimée dans chaque domaine particulier de notre activité, « en toutes ars, toutes machines, tous mestiers, tous engins et subtilitez ».
L’histoire de l’humanité, telle que Rabelais l’enseigne par ses métaphores éducatrices, est celle du combat continu de géants émules de Gaster contre l’ordre féodal et l’irrationalité des forces qui veulent contrôler…