Associer la beauté à l’économie est une aberration ; en faire une science, un égarement. L’idée que l’économie soit la plus belle des sciences relève donc d’une double confusion des genres et doit être évacuée dans la poubelle où l’on jette tout ce qui n’est pas exactement quantifiable. C’est ce que diront les esprits scientifiques raisonnables, attachés à l’utilité des choses telles qu’elles sont données, comme procède Aristote dans sa Politique ou Adam Smith dans sa Richesse des nations. Il est bien connu, assureront-ils, que l’être humain cherche à diminuer ses souffrances et à accroître ses jouissances, et que la possession d’argent par la vente de biens ou de services lui permet d’y parvenir.
Ces esprits réalistes devraient cependant réfléchir car il y a simplement un problème : cette conception de l’économie masque une conception de l’homme qui le réduit à un animal prédateur supérieurement dressé, opérant dans l’univers immédiat des rapports de force, et c’est ce type d’économie impliquant cette sorte d’hommes qui conduit aujourd’hui notre société dans le mur du présent, faute d’explorer l’horizon à long terme des générations futures.
Exclure de l’économie la beauté et la science - c’est-à-dire la création et la régulation - revient en effet à accepter un univers sans projet ni temps long, la consommation des ressources existantes sans production réelle. Nous sommes ainsi parvenus à la primauté du court terme financier dans une société post-industrielle qui n’équipe plus la nature, puisqu’elle n’a plus de projet social d’organisation du travail humain.
- Le profit est extrait d’un processus de démantèlement de la…