Introduction
par Jacques Cheminade
Une certaine qualité d’esprit est nécessaire pour faire face à la situation actuelle du monde. De l’expression sociale de cette qualité, de notre capacité à l’exprimer pour l’avantage d’autrui, dépend la direction que nous pourrons donner aujourd’hui au cours des événements de notre histoire.
A un moment comparable et tout aussi décisif, celui de la Révolution française, le grand poète allemand Friedrich Schiller publia ses Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme. Dans sa quatrième lettre, il nous dit : « Or il y a deux façons pour l’homme d’être en opposition avec lui-même : il peut l’être à la manière d’un sauvage si ses sentiments imposent leur hégémonie à ses principes ; à la manière d’un barbare si ses principes ruinent ses sentiments. » Il ajoute plus loin que pour être « capable et digne d’échanger l’Etat de la nécessité contre l’Etat de la liberté », l’être humain doit faire passer le chemin de la raison par son cœur.
Cette éducation du caractère par l’accord entre la raison et l’émotion, ou plutôt par l’effort que nous mettons à manifester leur harmonie préétablie, est au fondement de ces « Lumières de l’Est », de la grande Renaissance judéo-allemande du XIXe siècle. Dans sa Jérusalem, Moses Mendelssohn refuse de se laisser enfermer dans un ghetto intellectuel, quel qu’il soit, et…