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- Scène de Electre de Sophocle jouée par la Cie Nomade Théâtre Populaire en 2016 à St-Aignan de Grandhieu (44). Image extraite de la bande-annonce.
A l’heure où les peuples se révoltent partout dans le monde aspirant à se libérer de la dictature financière, retrouvons l’esprit du théâtre populaire comme institution publique, morale et sociale afin de bâtir une société d’hommes libres, conscients de leur dignité et maîtres d’eux-mêmes.
Par Laurent Sauzé
La diminution du temps de travail depuis soixante-dix ans a engendré un risque propre à mettre en péril la structure même de notre société, que les gens du Front populaire avaient déjà clairement défini. Léo Lagrange, le secrétaire d’Etat aux loisirs du gouvernement de Léon Blum, avait posé la question en ces termes : « La passivité croissante de la vie quotidienne, l’augmentation des heures de loisir, inemployées ou mal employées, sont de nature à provoquer une nette dégénérescence de l’être humain. »
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on assiste au développement irrésistible d’une culture de masse produite à échelle industrielle par ce qu’André Malraux appelait les « usines à rêves ». Profitant de la position mondiale dominante des Etats-Unis après la victoire contre les forces de l’Axe, les industries du divertissement de l’Empire anglo-américain ont conquis peu à peu le vaste marché mondial pour vendre leurs produits « culturels » et véhiculer une image de la société et de l’homme, façonnant et occupant les esprits en standardisant les comportements des individus par la fabrication artificielle de désirs, et les privant au bout du compte de leur individualité. Le ministre de la Culture du général de Gaulle avait très bien compris leur mécanisme de fonctionnement : « Le rêve le plus efficace pour les…