Une créature du nom d’Intelligence Artificielle (IA) a émergé dans nos laboratoires informatiques. On entend à son sujet tant d’histoires qu’il est presque impossible de s’en faire un avis bien tranché. Est-elle dangereuse, hostile à l’homme ? Difficile à dire. Face à cet inquiétant monstre numérique, la France vient de publier le « rapport Villani » pour « définir une stratégie nationale et européenne » et « donner un sens à l’intelligence artificielle ». Cette réponse sera-t-elle suffisante ?
Pour le savoir, il nous faudra nous-mêmes plonger dans cet océan de la robotique, de l’informatique et du Web, et étudier la bête de plus près. Nous verrons alors si elle est à craindre ou si elle peut nous être utile. Et en fonction, agir en citoyen avisé.
Le réveil du Kraken
Ce ne fut pas chose facile mais nous l’avons capturé et l’avons grand ouvert, cet algorithme dernier cri. Ce qui le distingue ? Son système digestif. Oui, notre intelligence artificielle moderne est un extraordinaire « digéreur » de données, bien plus efficace que ses prédécesseurs. Plus efficace car il peut désormais apprendre, chose que, jusqu’à présent, nous n’avons jamais réussi à faire faire à nos robots et autres programmes informatiques classiques (et que l’homme a, lui, toujours su faire naturellement).
Or, pour apprendre, notre machine doit pouvoir s’entraîner, beaucoup s’entraîner. Disposer pour cela d’une gigantesque base de données et d’une puissance de calcul monumentale pour pouvoir la traiter correctement. La technologie qu’elle nécessite est telle qu’on a longtemps cru la chose impossible. Jusqu’à ce qu’au sein des célèbres laboratoires Bell, un chercheur français, Yann LeCun, élabore avec son équipe à partir des années 90 les premiers programmes d’apprentissage machine dits…