Par Claudio Celani
Contrairement à l’Allemagne ou l’Angleterre, l’Italie n’a pas eu de grand dramaturge moderne au sens strict du terme. Sa plus haute expression culturelle, la Renaissance, a donné naissance à de grands poètes et auteurs de comédies comme Arioste, et lors du Risorgimento, le mouvement d’unification de l’Italie, certains ont écrit des tragédies, mais de qualité plutôt médiocre [1].
Le destin voulait sans doute qu’en Italie, patrie de la musique, la place d’un Shakespeare ou d’un Schiller soit occupée par un musicien, Giuseppe Verdi (1813 – 1901).
Car, plus qu’un compositeur, Verdi est un dramaturge, un artiste qui se sert de la musique pour communiquer l’art du drame classique. Ce n’est pas un hasard si ses opéras sont des drammi in musica (drames en musique) et que l’âme du dramaturge domine même ses quelques compositions de musique sacrée, comme le Requiem pour Alessandro Manzoni ou son unique œuvre instrumentale, le Quatuor à cordes composé en 1873.
En outre, aux côtés de Dante, Léonard de Vinci, Raphaël et quelques autres, Verdi occupe une place à part dans la galerie des grands hommes auxquels les Italiens pensent en évoquant l’idée de patrie. Bien sûr, il serait superficiel de dire que Verdi a gagné sa réputation de patriote parce que ses opéra incorporent nombre de chants et de chœurs patriotiques. Le vrai patriote, le bâtisseur de nation, c’est celui qui fait d’une multitude de gens un peuple et s’efforce de l’élever au niveau de la raison. Qui peut mieux le faire qu’un dramaturge ? Selon Friedrich Schiller, « c’est dans cette sphère élevée [le théâtre] que le grand génie, le patriote ardent, fait produire à la scène tout son effet. » [2]