- Prologue
- L’art comme élévation du caractère
- L’art, source du combat pour la justice et la liberté : le rôle du sublime
- Beethoven l’autre Prométhée moderne
- La difficile naissance d’une œuvre politique
- Le sublime en action
- Schiller, Beethoven, la France et Fidelio, inspirations croisées
- Léonore, épouse et organisatrice de la liberté
Par Eric Sauzé
Nous sommes au cœur d’une situation paradoxale, un moment de « chance dangereuse », comme disent les Chinois pour traduire le mot « crise ». Le monde est dans la tourmente de l’effondrement de toute une culture. En effet, il n’y a pas que l’économie internationale – et la nôtre – qui sont en banqueroute, comme l’atteste la crise financière et bancaire présente, que même les gens en place n’arrivent plus à masquer. C’est tout un système de croyances qui part en morceaux, caractérisé par un univers de casino, celui de l’oligarchie, où l’homme n’est qu’un loup pour l’homme. Cette dynamique de désintégration a quelque chose de tectonique, et de gigantesque.
Nous sommes nés pour quelque chose de meilleur que nous-mêmes.
Friedrich Schiller
O toi, qui que tu sois, je saurai te sauver !
Léonore, Fidelio, Acte II, scène 2
Prologue
Prométhée : « Seul, j’eus cette audace et j’empêchai que les mortels mis en pièces ne descendissent dans l’Hadès. Voilà pourquoi je suis courbé sous le poids de ces douleurs pénibles à supporter, pitoyables à voir. Pour avoir eu pitié des mortels, j’ai été jugé indigne de pitié, et voilà l’impitoyable traitement que l’on m’inflige, spectacle déshonorant pour Zeus » (…).
Le Coryphée : – Mais peut-être as-tu poussé la bonté plus loin encore ?
Prométhée : – Oui, j’ai mis fin aux terreurs que la vue de la mort…