- Prologue
- La « patrie sans nom d’Erasme », Anvers vers 1500
- Une rencontre peu ordinaire
- Essor économique et émancipation politique
- Les Frères de la vie commune
- Les idéaux d’Erasme
- Lorenzo Valla
- L’Eloge de la folie
- L’Eglise du futur
- La République Utopique
- Erasme en Italie et la ligue de Cambrai
- Encourager Luther pour détruire Erasme
- « Je trouve la mort plus douce que la servitude » (lettre d’Erasme à More)
- Libre interprétation contre libre arbitre
- Le Cicéronien
- François Rabelais (1494-1553)
Prologue
On caractérise souvent de « petit âge de ténèbres » la période qui va du début des guerres de religion (1511) jusqu’au traité de Westphalie (1648) qui en organise la fin. Mais pendant que le monde s’horrifie devant le retour des guerres, l’humanité découvre aussi L’Eloge de la Folie d’Erasme, qui date également de 1511. Ironie tragique de l’histoire, car Erasme y pose déjà le principe de « l’avantage d’autrui », concept révolutionnaire qui aurait pu éviter ces guerres et qui plus tard, défendu par Mazarin, fera la réussite de la paix de Westphalie.
Cette notion se trouve on ne peut plus clairement exprimée par l’admirateur d’Erasme, François Rabelais. Car Gargantua, sur sa médaille, fait représenter un corps humain ayant deux têtes, tournées l’une vers l’autre, quatre bras, quatre pieds et deux culs (Platon, Le Banquet) entouré de lettres ioniques (en grec dans l’original) qui disent : « L’agape ne cherche pas son propre avantage. »
Ces guerres de « sédition », comme Erasme les appelait - car il s’agissait de conflits entre chrétiens -…