Tout artiste doit avoir une conscience aiguë de son époque, de sa société. De même, il faut qu’il soit pleinement conscient de son rôle, qui est de faire entrevoir un idéal pas encore réalisé – un idéal en quelque sorte étranger à la culture établie. L’œuvre artistique a le pouvoir, si elle est bien composée et bien interprétée, de communiquer un sentiment si fort de cet idéal qu’il semble plus réel que la vie de tous les jours.
Nous vivons sans doute le moment de l’histoire le plus dangereux que l’humanité ait eu à traverser. Un simple regard sur l’actualité en donne la mesure : mise sous écoute orwellienne des citoyens américains et européens, climat d’affrontement entre milices trempant dans les idéologies des années trente, expropriation de l’épargne des citoyens, etc. Pourtant, la population continue comme si rien ne se passait. Dix ans après la guerre en Irak et ses mensonges, les mêmes arguments sont proférés à l’égard de la Syrie, et les Français ne semblent pas le réaliser. Sous l’impulsion des politiques d’austérité, la trame sociale et le tissu économique continuent de se détériorer. Alors, pourquoi les citoyens ne réagissent-ils pas face à la destruction de leur société ? Autrement dit, comment faire pour les sortir du bain tiède de leur quotidien et les élever à la hauteur de l’enjeu historique ?
Pour toute personne animée par l’intime volonté de ne pas se laisser happer dans la marche inconsciente de la masse vers l’abîme, et d’intervenir dans le processus politique afin de redonner un avenir à notre société ;…