On nous a longtemps dépeint l’être l’homme préhistorique comme luttant pour survivre dans la nature, s’équipant d’outils de chasse pour se nourrir, de peaux de bêtes pour compenser sa physiologie fragile. Avec le temps, au fur et à mesure des découvertes, l’anthropologie utilitariste et matérialiste n’a cessé de buter sur des paradoxes remettant en question sa vision linéaire de l’évolution de l’homme.
L’ouverture en avril 2015 de la réplique de la plus ancienne grotte peinte connue, la Grotte Chauvet-Pont d’Arc en Ardèche, nous donne l’occasion de nous pencher sur notre métier d’artiste et notre sentiment esthétique. Cela nous est-il venu petit à petit, ou au contraire l’art et la beauté sont-ils consubstantiels à notre espèce ?
Entrez dans une grotte de peintures rupestres et écoutez-vous penser. Vous êtes émerveillé, vous n’en croyez pas vos yeux devant ce spectacle de beauté, ni vos oreilles quand on vous en donne l’ancienneté. Ce qu’il se passe dans votre esprit n’est pas tant cet aspect inattendu qu’une sorte de plaisir à retrouver, dès l’enfance de l’homme, cette aspiration à une forme de créativité et de liberté qui, dans notre société contemporaine, est soit dévoyée dans la violence et la folie des jeux vidéos de plus en plus malsains, quand elle n’est pas instrumentalisée au profit d’un esprit de compétition, ou simplement refoulée par manque de temps et de moyens. Afin d’explorer les relations entre l’art, la beauté et le sentiment esthétique, nous pourrons nous appuyer sur les idées des poètes Schiller et Shelley, qui feront de très bons compagnons de route.
Commençons par éclaircir les raisons qui nous poussent, à…