L’hystérie anti-russe a traversé la Manche. L’éditorial du quotidien Le Parisien d’aujourd’hui y va de sa petite musique :
Vladimir Poutine est le méchant de l’histoire, mais il adore ça. L’affaire Skripal n’est que le dernier épisode d’une longue série de méfaits attribués à l’ex-officier du KGB. La guerre en Ukraine, les opérations de désinformation lors des campagnes présidentielles américaine puis française, l’aide militaire aux exactions du régime de Bachar al-Assad… Tout est parfaitement réfléchi. La Russie est la patrie des échecs, Poutine le maître du jeu.
Or, qui pourrait croire que la Russie de Vladimir Poutine puisse être assez stupide pour commettre une telle opération ? De surcroit à la veille d’élections présidentielles, et quelques semaines avant d’accueillir la Coupe du monde de football ? Quel intérêt y trouverait-elle, au moment où elle regagne une place plus respectable dans la communauté internationale, où le « Russiagate » s’effondre aux États-Unis (la Commission du Renseignement de la Chambre vient de clore l’enquête, concluant à l’absence d’éléments prouvant la « collusion » entre Donald Trump et la Russie), et où quatre sénateurs démocrates, dont la doyenne Diane Feinstein et Bernie Sanders, appellent à rouvrir le « dialogue stratégique » avec la Russie ?
Après tout, ce n’est pas la première fois qu’une accusation de ce genre est montée de toutes pièces pour des raisons géopolitiques. Il y a d’abord eu le dossier de Tony Blair et de Sir Richard Dearlove, le directeur du MI6 à l’époque, sur les armes de destruction massives de Saddam Hussein – que nous cherchons toujours –, et qui a servi de prétexte pour plonger le Moyen-Orient dans un véritable enfer terroriste ; il y a eu ensuite les accusations d’utilisation d’armes…