Nos dirigeants politiques semblent avoir atteint les tréfonds, depuis le sommet de la désunion du G7 au Canada jusqu’aux querelles autour de la crise des migrants, en passant par la petite phrase d’Emmanuel Macron sur le fait qu’ « on met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas ».
En parlant ainsi, le président français pensait faire un bon coup de com’, avec une phrase destinée à « faire jeune », tout en caressant dans le sens du poil la frange conservatrice de la population ; il ne se rendait pas compte qu’il exhibait là un comportement typique du monde du fric amoral dont il est issu. Car, qu’ont bien pu penser les millions d’allocataires du RSA, qui survivent avec 550 euros chaque mois, allant de petit boulot précaire en petit boulot précaire ? Ceux qui doivent subir l’humiliation de voir un agent de la CAF se rendre à leur domicile pour vérifier qu’ils n’ont vraiment pas d’argent, alors que la fraude aux minimas sociaux ne représente que 0,5 % de la fraude fiscale ?
Que peuvent-ils penser en entendant le président de la république leur demander de se « responsabiliser » (autrement dit de culpabiliser de leur situation de chômage), et leur dire qu’ils coûtent « un pognon de dingue », alors que la réduction de l’ISF a coûté à elle seule l’équivalent de 500 000 ans de RSA ?
Sortir de l’hypocrisie
Mais ne tombons pas dans le piège anti-Macron. Car, dans son arrogance juvénile, il ne fait qu’exprimer de façon grossière « les préjugés les plus éculés de la bonne bourgeoisie », comme l’écrit Laurent Joffrin dans Libération. Et c’est bien entendu l’ensemble de la classe politique qui souffre de ce syndrome ; parfois même davantage du côté de la gauche, puisque ses représentants ont fait carrière…