La loi de « modernisation et transformation des entreprises » (Pacte), qui engagera la privatisation des Aéroports de Paris (ADP) et de la Française des jeux (FDJ), ainsi que la cession des parts d’Engie, a été adoptée (par 27 voix contre 15 et 3 abstentions, soit 45 députés !) en deuxième lecture à l’Assemblée le samedi 16 mars à 6h15 du matin – à l’aube du 18e week-end consécutif de manifestation des Gilets jaunes et de la journée de ski du couple Macron à la Mongie.
À tous points de vue, ces privatisations sont aberrantes. ADP et FDJ sont deux entreprises rentables ; elles rapportent chaque année entre 200 et 300 millions d’euros de dividendes à l’État. En incluant Engie, ce sont 777 millions d’euros qui sont tombés dans les caisses de l’État en 2017.
Le gouvernement espère obtenir 15 milliards de recettes des privatisations, dont 5 milliards serviront à réduire la dette (ce qui paraît bien insignifiant face aux 2300 milliards de la dette publique globale...), et 10 milliards seront placés dans un fonds pour « l’innovation de rupture ». Ce fond apportera un rendement de 250 millions par an (soit 2,5 %), c’est-à-dire inférieur au rendement actuel des entreprises concernées — à eux seuls, ADP assurent aujourd’hui à l’État une rentabilité proche de 10 % par an, soit trois fois plus ! De plus, on vend des fleurons français pour récupérer 10 milliards, alors qu’on dispose déjà des fonds pour financer l’innovation, avec la BPI et les nombreux fonds de la Caisse des dépôts.
Pour seul argument, les sophistes du gouvernement ont invoqué le fait que le versement des dividendes était aléatoire, tandis que le rendement du fonds sera stable. Argument qui serait recevable si une récente étude d’Eurocontrol ne tablait pas sur une croissance annuelle de 2 % à 3 % du trafic…