Un article bien documenté de l’Humanité du 30 novembre dévoile ce qu’on finissait bien par deviner : à l’origine du programme thatchérien de François Fillon, une série d’idéologues de la pire espèce.
Parmi eux, Agnès Verdier-Molinié, ardent défenseur de l’enseignement « libre » (privé), à la tête de la « Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques » (IFRAP), un lobby ultralibéral créé en 1985 qui prône, afin de réduire le nombre de fonctionnaires, la suppression des départements et la réduction drastique du nombre de communes de 36000 à seulement 5000.
Ensuite, le comte Henri de la Croix de Castries, ex-PDG d’Axa et ancien protégé de Claude Bébéar, le parrain du capitalisme français. Ayant largement participé à l’écriture du programme du candidat François Fillon, il figure en excellente position pour en devenir le prochain Premier ministre. Marié à l’une de ses cousines, cet aristocrate est l’un des visages de ce que le député de la Sarthe n’hésite pas à appeler « la société civile ».
Henri de Castries est un homme riche et influent. Pour le patron du MEDEF Pierre Gattaz, il s’agit d’un « formidable capitaine d’industrie ». A la tête du très libéral Institut Montaigne en 2015, de Castries ne cesse de déplorer que le SMIC soit trop élevé dans notre pays. Pourtant, celui qui était en 2014 le 7e patron le mieux payé du CAC40, a empoché 5,4 millions d’euros de rémunération globale cette année-là … (en gros, 310 années de SMIC).
En 1979, il partage les bancs de l’ENA avec d’autres illustres camarades de la fameuse promotion Voltaire : de Villepin, Hollande, Royal, Jouyet ou encore Donnedieu de Vabres. De son passage au Trésor comme inspecteur des finances, il garde un excellent souvenir, notamment la privatisation de la CGE, dont il semble ignorer les conséquences cataclysmiques.
Après avoir œuvré en coulisse pour la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 (celui-ci lui aurait alors proposé Bercy), de Castries se rapproche de François Hollande. L’homme a d’ailleurs signé un petit chèque à l’association Répondre à gauche afin d’apporter son écot à la campagne de Hollande en 2012. Et pour Fillon, il a organisé en septembre un cocktail au très prestigieux Links Club de New York, haut lieu de rencontre pour les spéculateurs de Wall Street.
Cependant, l’homme est fort occupé. Administrateur chez Nestlé et HSBS pour arrondir des fins de mois qu’on imagine difficiles, il préside également, depuis 2011, le groupe Bilderberg, le club ultra sélect des grands de ce monde, sorte de cénacle du capitalisme planétaire où il a tenu à intégrer François Fillon.
Ainsi, lorsque Fillon annonce vouloir privatiser la Sécurité sociale, on peut être sûr que l’ancien patron de la plus grande société d’assurance française n’y est pour rien…
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