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- Dr Telémaco Talavera, doyen de l’Université nationale d’agronomie (UNA) du Nicaragua et porte-parole de la Commission du Grand canal interocéanique du Nicaragua
Dans un entretien accordé le 20 décembre à nos confrères du bureau mexicain de l’Executive Intelligence Review, le Dr Telémaco Talavera, ingénieur, doyen de l’Université nationale d’agronomie (UNA) du Nicaragua et porte-parole de la Commission du Grand canal interocéanique du Nicaragua, a salué les efforts de la Chine et des BRICS pour promouvoir la coopération et le développement économique dans le monde. Il a également incité les États-Unis et l’UE de se joindre à cette nouvelle dynamique.
En réponse à une question de son hôte à ce sujet (portant sur l’appel que fait circuler l’Institut Schiller à l’échelle internationale demandant aux États-Unis et à l’UE de rejeter la géopolitique et de coopérer avec les BRICS), le Dr Talavera a fait part de sa vision d’un monde futur, qui s’inscrira, espère-t-il, dans l’esprit des peuples américain et européens dès l’année 2015 :
Je ne ne dirais pas seulement qu’ils peuvent rejoindre cette initiative ; je dirais qu’ils doivent le faire, car nous ne pouvons vraiment plus vivre dans un monde dominé par l’affrontement. Nous devons réellement faire en sorte que la logique du respect de la souveraineté, de l’auto-détermination, de la liberté des peuples à disposer de leur propre vision économique et sociale, puisse enfin prévaloir.
Les BRICS sont une réalité qui s’affirme, un groupe de pays émergents dotés d’un grand potentiel, qui joue un rôle important, et qui ne peut et ne devrait pas être rejeté. Il ne devrait pas être ignoré ni sous-estimé par les États-Unis et l’UE, sinon cela pourrait se retourner contre eux. Car il s’agit d’une réalité qui progresse.
Donc, effectivement, je crois qu’il faut mettre fin à cette vision impériale, cette vision arrogante où l’on croit être les propriétaires du monde, et où tous les autres devraient se prosterner à leurs pieds ou se soumettre à leur volonté. Au lieu de cela, il faut promouvoir des liens de coopération, de respect dans le monde entier, au-delà des aspects spécifiques, des différences naturelles et nécessaires entre les cultures, les régimes politiques, les religions, etc. De sorte que le monde entier puisse progresser vers une société ayant moins de pauvreté, des niveaux de marginalisation moindre, une détérioration environnementale moindre, plus de paix. Une paix marquée par le respect, une paix qui n’est pas que l’absence de conflits armés, mais qui est plutôt le respect qu’il doit y avoir entre les peuples et les pays. (…)
L’UE et les États-Unis non seulement peuvent, mais doivent changer pour devenir des promoteurs de paix ; et ne plus se considérer comme les propriétaires du monde, au-dessus de la souveraineté même, de l’auto-détermination, ou de la vision qu’ont les autres peuples et pays.
[Sur l’offre du président chinois Xi Jinping pour une coopération « gagnante-gagnante » au sein de la Route de la soie :] Nous nous trouvons aujourd’hui dans une réalité qui est différente de l’époque de la Guerre froide. (…) Nous sommes passés de la géopolitique, qui a dominé le monde tout au long de la guerre froide, à la "géo-économie". (…) Ces grands projets peuvent être vecteurs de plusieurs aspects de l’économie mondiale. Par exemple, le Grand canal interocéanique du Nicaragua va (…) réduire le temps de parcours dans le transport de biens à l’importation et à l’exportation. Les coûts seront réduits en raison des distances plus courtes, mais aussi parce qu’il sera possible d’utiliser des bateaux plus grands, plus efficaces, qui sont en train d’être construits. (…) Ces grands projets font partie d’une grande vision stratégique de transformation et contribuent à revigorer d’autres grands projets qui ont été lancés dans le monde.
[Sur l’éducation et les jeunes :] Les jeunes représentent le potentiel pour construire, mais il y a également un grand risque de les voir emprunter des chemins pouvant les conduire à se faire mal, à eux-même et à leur famille, à la société. (…) [La stratégie du Nicaragua] est de renforcer la vision, le dynamisme, l’esprit d’initiative caractérisant la jeunesse, afin qu’ils puissent être les moteurs du changement. Comme je leur dis souvent : ils doivent être non seulement le futur du pays, mais aussi le présent, et le futur, du Nicaragua. (…) En ce moment les jeunes sont, au Nicaragua, un moteur fondamental du changement (…) car nous avons dans une large mesure des jeunes ayant ce dynamisme, cette énergie marquée par l’espoir, par la possibilité d’être des acteurs, des protagonistes du changement social. Et ceci donne du sens à leur vie. (…)
Suite à des consultations avec des universités de la région, comme l’Université maritime internationale du Panama, l’Université technologique du Panama, et d’autres universités en Espagne et dans le monde, et pas seulement en Chine, nous nous préparons à faire face aux nouveaux défis dans l’éducation à tous les niveaux, mais aussi dans l’éducation technique de haut niveau. Nous avons parlé de 315 nouveaux programmes universitaires (…) dont aura besoin le Nicaragua grâce à cette nouvelle dynamique économique, scientifique et technologique.
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