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- Dirk Van der Maelen, le président de la commission des Affaires Extérieures à la Chambre des Représentants de Belgique, s’interroge sur l’avenir des relations belgo-saoudiennes.
- Crédit : Belga
Dans plusieurs entretiens avec la presse, le député belge Dirk Van der Maelen (sp.a, socialiste), à l’heure actuelle le président de la Commission des Affaires extérieures à la Chambre, a appelé le gouvernement belge à examiner de manière approfondie ses relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite. [1]
Les déclarations du député sont une réponse directe à l’actuelle vague de terreur qui frappe Paris et fait trembler Bruxelles. « Après les attaques dans Paris, des questions sont de plus en plus souvent posées concernant le financement du terrorisme par les Etats du Golfe tels que l’Arabie saoudite », écrit le quotidien flamand De Standaard.
Le journal cite alors Van der Maelen :
Le fait que la Belgique maintienne des relations amicales avec des pays qui suivent et financent la diffusion du wahhabisme, un courant de l’islam radical, à une échelle mondiale, est irresponsable... Vous ne pouvez pas avoir une politique crédible de dé-radicalisation (des jeunes) tout en signant en même temps des traités économiques avec des gouvernements soutenant des groupes extrémistes. Par dessus tout, nous savons depuis longtemps que l’Arabie saoudite viole les droits de l’homme et du travail. Par conséquent, le temps est venu de réexaminer ces relations économiques.
Bruxelles et le wahhabisme
Il est à noter qu’au coeur de Bruxelles, à deux pas de la Commission européenne, l’Arabie saoudite finance et gère depuis 1967 le Centre Islamique et culturel de Belgique, un centre de propagation du Wahhabisme. Certes, dès le 14 novembre, le Centre a clairement pris position en publiant un communiqué de presse condamnant avec force les attentats de Paris comme « un horrible crime en opposition totale avec les valeurs islamiques et humaines. »
Pourtant, la Rtbf (télévision francophone) révèle qu’en 2012, d’après des câbles diplomatiques révélés par Wikileaks, l’ambassadeur saoudien à Bruxelles avait rapporté qu’aussi bien le ministre des Affaires étrangères de Belgique que la Sûreté de l’État belge, lui avaient demandé de rapatrier Khalid Alibri, le recteur de la mosquée, dont les prêches extrémistes et radicales étaient considérées potentiellement dangereuses. Sous l’insistance du gouvernement belge, Alibri fut finalement renvoyé à Riyad le 14 avril 2012.
« Derrière cela », affirme Felice Dassetto, un sociologue de l’Université catholique de Louvain, « la Ligue islamique mondiale a comme objectif stratégique développé par les saoudiens depuis les années 1960, de devenir le pôle hégémonique du monde musulman ».
La Belgique et le trafic d’armes
Bien entendu, si la Belgique est devenue un nouveau Londonistan, c’est également à cause de la relative disponibilité des armes. D’ailleurs, à l’heure actuelle, près de la moitié des armes à feu et des munitions exportées au Moyen-Orient sont produites en Belgique, souligne l’hebdomadaire flamand Knack du 13 octobre. Les armes belges exportées à l’Arabie saoudite apparaissent très souvent en Libye et en Syrie, et plusieurs armes à feu utilisées par l’escadron de terreur qui a frappé les journalistes de Charlie Hebdo le 7 janvier, provenaient de la fameuse société belge Fabrique Nationale (FN).
[1] Van der Maelen s’oppose avec force à la nouvelle course aux armements que représente la modernisation des armes nucléaires américaines stationnées en Belgique. Sur le plan de la réforme bancaire, il s’est prononcé à plusieurs repriser pour une séparation bancaire stricte du type Glass-Steagall Act et il a écrit dans ce sens aux membres du Congrès américain pour qu’ils lancent au plus vite une telle réforme.
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